Corse Sardaigne Photos

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Extraites du livre « Corse et Sardaigne », toutes ces photos ont été prises par Maximilien Bruggmann, célèbre photographe suisse. Vous pouvez accéder à ses deux sites:

Site personnel de Maximilien Bruggmann

Les Amis de Maximilien Bruggmann

Soumises au droit d’auteur, les photos de Maximilien Bruggmann sont présentées ici en faible définition. Les légendes détaillées se trouvent en fin de page.

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Costume traditionnel de Sinnaï (Sardaigne)

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Mer et rochers à la Punta di a Castagna (Corse) / Dolmen de Fontanaccia (Corse)

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Statue armée à Filitosa (Corse) /Statuette de bronze nouragique (Sardaigne) / Nuraghe près de Barromini (Sardaigne)

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Statue armée à Filitosa (Corse) / Les ruines de Nora (Sardaigne) / Théâtre romain de Cagliari (Sardaigne) / Statuette de terre cuite (Sulcis, Sardaigne)

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Le nuraghe Losa (Sardaigne)

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«Domus de fanas» à Sas Concis (Sardaigne) / La «tombe des géants» de Coddu Vecchiu (Sardaigne) / Dolmen de Fontanaccia (Corse)

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Mer et rochers à la Punta di a Castagna (Corse)

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Suarella, village de moyenne montagne corse / «Pierrot» de Centuri / Plage d’Alto (Cap Corse)

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Châtaigniers en Castagniccia / Fromages corses / Chevaux au printemps

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Lac artificiel de Calacuccia / Le village de Soveria entre Corte et Ponte-Vecchio / Porcs en semi-liberté / Saint-Florent

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Haute-vallée de la Restonica

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Nonza, ancienne place forte médiévale / Tour génoise de l’Ile-Rousse / Couvent de St. François à Rogliano / Vent d’ouest et neige au col de Vergio / Hiver en montagne / Ski dans la haute-vallée de l’Asco

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Pont génois sur la rivière Golo / Village de Coti-Chiavari

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Marine de Centuri (Cap Corse) / Pétanque

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Les îles Sanguinaires

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Souvenir(s) de Napoléon / Eglise de la Trinité à Aregno

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 Bastia ancienne et moderne / Vieux-port de Bastia

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Orangers dans la plaine orientale / Ane et maisonnette de pierres sèches / Les «Calanche» / Tour géno1se dans la baie de Porto

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La ville forte de Corte / Une terrasse de Corte

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Vieilles maisons de Bastia / Citadelle et plage de Calvi / Avapessa, en Balagne

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Ajaccio

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Les îles Sanguinaires / Eglise de San Michele

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Chapelle de San Quilico en Castagniccia (détails et vue d’ensemble)

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Toits de Sartène / Costume traditionnel du muletier / Incendie dans le maquis

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Le rocher de Bonifacio / Le Capo Pertusato, point le plus méridional de Corse

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Aiguilles de Bavella / Marina et citadelle de Bonifacio

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Punta di u Diamante

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L’âge de la retraite / Le «pénitent Catenacciu» à Sartène / Fresques de San Nicolao de Sermano

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Vieil homme sarde à Sassari

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«Ballo Sardo» à la Cavalcata Sarda de Sassari / Joueur de «launeddas» / Richesse du costume tradi­tionnel / Broderie dans le costume traditionnel / Femme sarde / Danses en groupe

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Massif du Sopramonte / Peintures murales modernes à Orgosolo

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Repas de bergers / Ancienne bergerie dans le massif du Gennargentu

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Femmes sardes

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Montagne et solitude / Viande grillée à la manière sarde / Les «mammuthones» de Mamoïada

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Femme sarde

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Char fleuri à la fête de San Erisio à Cagliari / Joueur de «piffero» / Femme-fruit(s) / Cavalcata Sarda à Sassari / Bijoux et dentelles de Sinnaï

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Liège fraîchement récolté

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Mariage à Busachi/ Fin d’après-midi à Bonorva … et à Martis / Tradition du pain à Sinnaï

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La traite des brebis

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Cagliari / Château de Las Plissas et église

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Dans le port de Cagliari / Football dans les ruelles de Cagliari

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Autres brebis, autre traite / Alghero, port et ruelle / La falaise de Capo Caccia, sur la côte occidentale, près d’Alghero / Les grottes de Neptune et le Capo

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Vigne entre Orgosolo et Mamoïada / Ulassai, au pied du Bruncu Matzeu et du Bruncu Pranedda

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Santa Trinità di Saccargia /Archipel de la Maddalena, au nord-est de la Sardaigne / Portail de la Basilique San
Gavino à Porto Torres / Le Capo d’Orso, près de Palau

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Presqu’île de Capo di Pula

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Anguilles et mulets / Cité de Bosa et rivière Temo / Enfants dans les ruelles de Bosa / Port de Castelsardo

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Eglise de San Antonio de Bisarcio

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Promontoire de Castelsardo / Vannier à Bosa

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Presqu’île de Capo di Pula / Portique ancien, village de Tratalias

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Pêcheurs à Santa-Teresa-di­-Gallura / Femme de Fonni

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Femme d’Oliena / Oliena, dans le Sopramonte / Eglise de San Pietro à Zuri / Deux femmes et une chaise de prières

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Femme de Dorgal / Vieux Sarde

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Les rochers rouges et gris d’Arbatax

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Images de la Costa Smeralda / Peintures murales et costume traditionnel à Oliena

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Lago alto de Flumendosa, retenue artificielle

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Légendes détaillées

Costume traditionnel de Sinnaï (Sardaigne)

Pratiquement absent de Corse, le costume traditionnel con­serve une grande importance en Sardaigne, où il sert de drapeau, d’emblème, d’habit de fête et de signe de reconnaissance. Chaque village possède un cos­tume différent et, dans chaque village, les femmes (plus en­core que les hommes) s’atta­chent à disposer d’une tenue rigoureusement semblable à celle des générations précé­dentes. Dans un pays si pauvre, le costume est souvent la seule richesse. Les velours, les soles, les dentelles et les tulles sont à l’épreuve du temps. Quant aux bijoux, ils représentent parfois un poids d’or qui permettrait d’acheter un domaine plus grand que toute la propriété familiale. (Costume de Sinnaï, province de Calgari).

Mer et rochers à la Punta di a Castagna (Corse)

Ce qui différencie les touristes des insulaires, c’est la nier. Les estivants la recherchent, les Corses et les Sardes la fuient. Parce que les rivages sont sou­vent inhospitaliers (ici, un dé­dale de rochers de la Punta di a Castagna, au sud d’Ajaccio, Corse). Parce que les invasions guerrières et dévastatrices n’ont cessé, au fil des siècles, de dé­ferler sur le littoral et d’en chasser les habitants. Et parce que la malaria, fléau qui déci­mait encore les populations au milieu de ce siècle, obligeait les survivants à se replier dans les hautes terres. En Corse et en Sardaigne, les montagnes font face à la mer. Mais les habitants lui tournent le dos.

Dolmen de Fontanaccia (Corse)

Le dolmen préhistorique de Fontanaccia, près de Sartène, est l’un des mieux conservés de Corse. Surnommé «Stazzona del Diavolo» (la forge du Diable), ce dolmen est formé de six roches verticales suppor­tant une dalle de granit. Il cons­titue une chambre funéraire aux dimensions respectables (2,6 ni sur 1,6 ni au sol, 1,8 ni en hauteur). Découvert par Prosper Mérimée, le dolmen de Fonta­naccia sert d’abri aux bergers qui courent le maquis avec leurs troupeaux. L’herbe est rare et les bêtes dédaignent les aspho­dèles (au premier plan), plantes des terres pauvres surnommées «poireaux à chiens».

Statue armée à Filitosa (Corse)

Filitosa. Cette statue, la plus grande et la mieux armée de toute la Corse, permet de se faire une idée précise de l’arme­ment des Torréens, les «enva­hisseurs de la mer» venus il y a 3600 ans, d’on ne sait où. Une épée verticale, dans son four­reau, et un poignard au côté, voilà qui assurait une supré­matie indéniable à de tels guerriers. La précision du détail a permis de comparer cet équipement à celui décrit par les soldats égyptiens de Ramsès 111 qui, en 1190 av. J.-C., avaient remporté une victoire décisive sur des hordes qui tentaient de remonter le Nil.

Statuette de bronze nouragique (Sardaigne)

Trouvée à Teti, province de Nuoro (Sardaigne), cette statu­ette de bronze mesure 20-5 cm et figure un étrange héros guerrier à quatre yeux et quatre bras. Ce détail surprenant mis à part, cette statuette datant de la période nouragique sarde nous apporte, comme les quelque 400 autres découvertes à ce jour, d’intéressantes précisions sur l’armement de l’époque. L’élé­ment caractéristique est consti­tué par les petits boucliers, faits de cuir, finement travaillé et renforcé par des plaques métal­liques (Musée archéologique national de Cagliari).

Nuraghe près de Barromini (Sardaigne)

Le nuraghe «Su Nuraxi», pro­che de Barromini (Sardaigne), domine une série d’habitations rondes ou ovales (la photo est prise du haut des ruines) dans lesquelles les bergers attachés au nuraghe se repliaient en cas de danger ou d’attaque. Ce ras­semblement, de même que le type de fortification dont sub­sistent quelques tours fortes (centre gauche) préfigurent ce qu’allait être, dans toute l’Eu­rope, la période du Moyen Age. L’abandon progressif des fortifi­cations, la décadence des tradi­tions nouragiques face aux inva­sions puniques et romaines ont ensuite transformé ces lieux de défense en lieux de vie per­manente.

Les ruines de Nora (Sardaigne)

Les ruines de Nora permettent d’admirer la plus ancienne ville sarde mise àjour. D’abord escale phénicienne, Nora fui ensuite un centre punique avant de devenir une florissante cité romaine. Une inscription phéni­cienne permet de situer la fon­dation de Nora au IXe siècle av. J.-C. L’escale devait être importante puisque trois bassins portuaires, aujourd’hui en­gloutis, ont été découverts. Appelés à l’aide par les Phéni­ciens, les «cousins» carthaginois («punici») apportèrent avec eux d’autres coutumes. De cette période datent les «tophet». Dans la Bible, ce terme signifie (dieu où l’on brûle». C’est là qu’enfants et adolescents étaient offerts aux Dieux.

Théâtre romain de Cagliari (Sardaigne)

Le théâtre romain de Cagliari est, avec celui de Nora, un des plus importants de l’île. Cons­truit au lie siècle apr. J.-C., il comportait une arène de 50 mètres sur 30, dont la hauteur dépassait les 25 mètres. 10000 spectateurs y trouvaient place et, aujourd’hui encore, il accueille le public de la saison d’opéra. Contrairement aux Phéniciens et aux Carthaginois, les Romains s’engagèrent aussi vers l’intérieur de la Sardaigne et établirent un réseau de routes et de ponts. C’est sans doute pourquoi la pénétration romaine a laissé tant de traces dans la langue et la culture.

 

Statuette de terre cuite (Sulcis, Sardaigne)

Jeune homme ou jeune dieu? Les archéologues qui ont dé­couvert à Sulcis (Sardaigne) cette statuette de terre cuite (hauteur 8 cm) ne se prononcent pas. Ce qui est sûr, c’est que Sulcis, située sur l’île de Sant’Antioco, était un important centre punique où les sacrifices d’adolescents étaient fréquents. On v a retrouvé les restes de plus de 2000 victimes, brûlées puis ensevelies dans de petites urnes. La cérémonie se nommait le «mol’k». Les citoyens dé­diaient au dieu Baal et à la déesse Tanit les aînés de l’aristo­cratie locale, qui devenaient en mourant partie intégrante de la divinité (Musée archéologique de Cagliari).

Statuette de bronze nouragique (Sardaigne)

Trouvée à Teti, province de Nuoro (Sardaigne), cette statu­ette de bronze mesure 20,5 cm et figure un étrange héros guerrier à quatre yeux et quatre bras. Ce détail surprenant mis à part, cette statuette datant de la période nouragique sarde nous apporte, comme les quelque 400 autres découvertes à ce jour, d’intéressantes précisions sur l’armement de l’époque. L’élé­ment caractéristique est consti­tué par les petits boucliers, faits de cuir, finement travaillé et renforcé par des plaques métal­liques (Musée archéologique national de Cagliari).

Le nuraghe Losa (Sardaigne)

Le nuraghe Losa, placé sur le plateau qui descend de Maconier en direction de la plaine d’Oristano, est l’un des plus connus de Sardaigne. Le vert du lierre et les tons rougeâtres du basalte lui confèrent un aspect de sagesse et de vivacité. Lors des premières fouilles, au début du siècle, on a découvert ce qui devait être une cantine destinée à une garnison, ainsi qu’un puits sacré destiné au culte. Haut d’une vingtaine de mètres, le nuraghe Losa fait partie des 7000 édifices de ce type dénombrés à ce jour en Sardaigne.

«Domus de fanas» à Sas Concis (Sardaigne)

Les «maisons de fées» («domus de janas») ont été creusées dans le rocher entre 1500 et2500av. J.-C. Au-delà de l’antichambre, plusieurs grottes reliées entre elles par un réseau de couloirs étroits constituent un ensemble funéraire qui évoque sans doute, à une échelle plus petite, le style d’habitation des Sardes de l’époque. Mais les «domus de janas» n’abritaient ni fées ni vivants. Seuls les morts y trou­vaient refuge. Dans celle-ci (Sas Concas, région d’Oniferi, pro­vince de Nuoro, Sardaigne), on a trouvé contre les parois des symboles magiques destinés au culte des ancêtres.

La «tombe des géants» de Coddu Vecchiu (Sardaigne)

La civilisation dite «d’Arza­chena» est l’une des deux princi­pales for-mes de vie des Sardes prénouragiques (avec celle de San Michele). Les «tombes de géants» continuent de marquer le paysage d’Arzachena, près de 4000 ans après leur construction. La stèle d’entrée de Coddu Vecchiu, faite de deux masses de granit, mesure 4 mètres de hauteur. Là, comme dans les «maisons de fées», les vivants enterraient leurs morts et les entouraient de nombreux objets usuels ai-in de faciliter leur vie dans l’au-delà. Reflet de la hiérarchie d’alors, les tombes des chefs, au nombre impres­sionnant de pièces, renfermaient sculptures et œuvres d’art.

Dolmen de Fontanaccia (Corse)

Le dolmen préhistorique de Fontanaccia, près de Sartène, est l’un des mieux conservés de Corse. Surnommé «Stazzona del Diavolo» (la forge du Diable), ce dolmen est formé de six roches verticales suppor­tant une dalle de granit. Il cons­titue une chambre funéraire aux dimensions respectables (2,6 ni sur 1,6 ni au sol, 1,8 ni en hauteur). Découvert par Prosper Mérimée, le dolmen de Fonta­naccia sert d’abri aux bergers qui courent le maquis avec leurs troupeaux. L’herbe est rare et les bêtes dédaignent les aspho­dèles (au premier plan), plantes des terres pauvres surnommées «poireaux à chiens».

Mer et rochers à la Punta di a Castagna (Corse)

Ce qui différencie les touristes des insulaires, c’est la nier. Les estivants la recherchent, les Corses et les Sardes la fuient. Parce que les rivages sont sou­vent inhospitaliers (ici, un dé­dale de rochers de la Punta di a Castagna, au sud d’Ajaccio, Corse). Parce que les invasions guerrières et dévastatrices n’ont cessé, au fil des siècles, de dé­ferler sur le littoral et d’en chasser les habitants. Et parce que la malaria, fléau qui déci­mait encore les populations au milieu de ce siècle, obligeait les survivants à se replier dans les hautes terres. En Corse et en Sardaigne, les montagnes font face à la mer. Mais les habitants lui tournent le dos.

Suarella, village de moyenne montagne corse

Le village de Suarella (15 km à l’est d’Ajaccio) ressemble à tous les villages corses de moyenne montagne. Abrités dans le fond d’une vallée, ils forment une communauté resserrée dans des maisons massives, capables d’affronter les frimas hivernaux comme la canicule estivale. Le retour du printemps signifiait autrefois le retour à la vie. Aujourd’hui, toute l’année est semi-déserte.

«Pierrot» de Centuri

«Pierrot» de Centuri. Son ba­teau a pour nom Marco Polo. Et son regard s’enfuit bien au-delà de l’horizon. Dans cette île sans curiosité pour les choses de la mer, seuls les habitants du Cap Corse ont le pied et l’esprit marins. C’est d’ici que partirent, du XVII au XIX’ siècle, des milliers d’émigrants en route vers l’Amérique. Nombre d’entre eux, devenus Améri­cains, sont restés Corses et marins. Fortune faite, ils reviennent au village ou font entretenir pieusement, à distance, la demeure et le caveau de famille.

Plage d’Alto (Cap Corse)

Les galets vert sombre de la plage d’Albo (Cap Corse) et le bleu de la Méditerranée calme sont à l’image de la paix des lieux. Mais il n’en fut pas tou­jours ainsi et la tour génoise qui garde l’entrée de la marine est là pour en témoigner. Long­temps abandonnée du fait des pirates venus du sud, la côte re­trouva vie au XVIe siècle, sous la protection de ces tours cons­truites par les Génois.

Châtaigniers en Castagniccia

La région de la Castagniccia (nord-est de la Corse) tient son nom de la seule ressource natu­relle, le châtaignier. Les châ­taignes, d’où on extrayait la farine, constituaient la base de repas simples, certes, mais qui tenaient bien au ventre. Le bois était employé en tonnellerie et charpente.

Fromages corses

Les fromages corses ne quittent guère l’île. Faits de lait de chè­vres ou de brebis (parfois d’un mélange des deux), ils vieillis­sent dans les greniers frais ou les caves profondes avant de figurer à table. Mets de choix, le fromage doit être bien fait – parfois trop, au gré des visi­teurs – et le connaisseur ne dé­daigne ni ceux – si secs – qu’on gratte plus qu’on ne les coupe, ni ceux – mous et odorants – qui abritent une kyrielle d’asti­cots à faire frémir le profane …

Chevaux au printemps

Modestes et moyens, les che­vaux sont rares en Corse. Le paysan leur préfère le mulet, qui ne rechigne pas à la tâche et qu’on peut bâter lourdement, même sur des sentiers d’altitude où les rochers abrupts sont plus fréquents que les sources fraîches. Le réseau routier est relativement récent et le temps n’est pas lointain où le mulet était le seul moyen de déplace­ment à l’intérieur de l’île.

Lac artificiel de Calacuccia

Le lac artificiel de Calacuccia (Corse) a redonné vie à la région d’Albertacce (qu’on aperçoit dans le fond). Outre la produc­tion d’électricité et le réseau d’irrigation, il représente une oasis de fraîcheur pour les esti­vants. Au-dessus du village, on aperçoit le Capu Tafonato (2343 ni), que le Diable – dit la légende – transperça en jetant son marteau, après avoir échoué dans sa tentative de construire un pont sur le Golo.

Le village de Soveria entre Corte et Ponte-Vecchio

Planté sur une colline dominant la vallée du Golo, le petit village de Soverla (entre Corte et Ponte Leccia) n’a plus que l’apparence de la vie. Combien de maisons abandonnées en un demi-siècle? Et combien de cons­tructions nouvelles? La région est pauvre, la terre basse. L’envie d’une vie meilleure a fait ce que n’avait réussi aucune guerre, chasser les Corses de leur île.

Porcs en semi-liberté

Gris ou noirs, les pores vivent en liberté dans la montagne. Appartenant aux familles de bergers, ils se nourrissent d’herbes, de racines et de châ­taignes. Certains sont issus de croisements avec des sangliers. On les reconnaît aux oreilles dressées. Cette vie semi-sauvage confère à leur chair une qualité particulière qui a fait la renom­mée de la charcuterie corse. Mais il y a de moins en moins de cochons gris et le saucisson contient souvent du porc industriel importé du continent.

Saint-Florent

Saint-Florent (du nom d’un évêque africain exilé en Corse par le roi des Vandales) a été construite à fleur d’eau par les Génois. Abandonnée du fait de la malaria, elle a repris vie après l’assèchement des marais et, au­jourd’hui, elle est une agréable ville balnéaire, doublée d’un port de plaisance et d’un centre de plongée.

Haute-vallée de la Restonica

La rivière Restoniica prend sa source à 1700 mètres d’altitude, dans le massif du Rotondo, et creuse peu à peu des gorges grandioses qui serpentent dans la roche jusqu’à Corte, où la rivière se jette dans le Tavignano. Dans sa partie supé­rieure, la vallée est presque nue. Seuls des pins «de Corte» et des pins «Iaricio», deux variétés propres à la Corse, parviennent à enfoncer leurs racines dans la caillasse et à résister aux rigueurs de l’hiver.

 Nonza, ancienne place forte médiévale

Le village de Nonza, sur la côte ouest du Cap Corse, est une an­cienne place forte médiévale. La tour qui domine les habita­tions se souvient de l’astucieuse défense de Jacques Casella qui, attaqué par l’armée française en 1768, avait relié les pièces à feu, installées aux créneaux, grâce à un système de câbles permet­tant un tir incessant. Imaginant une garnison nombreuse, l’armée accorda une reddition avec les honneurs de la guerre et s’aperçut alors que la citadelle était défendue par un seul homme.

Tour génoise de l’Ile-Rousse

Une tour génoise domine la Petra de l’Ile-Rousse, désormais reliée à la terre ferme par une jetée. En 1758, Pascal Paoli, chef de la Corse indépendante, fonda à l’abri de ce promontoire une ville qui devait concurrencer l’influence génoise du port de Calvi, particulièrement pour l’exportation de l’huile d’olives de Balagne. La cité, qui devait à l’origine se nommer Paolina, du nom de son fondateur, prit le nom de Vaux lors de la conquête française, avant d’être appelée, comme le rocher, Ile­-Rousse.

Couvent de St. François à Rogliano

Le couvent de Saint-François à Rogliano (Cap Corse) est l’un des nombreux établissements religieux laissés à l’abandon après l’interdiction des ordres. Tristement célèbre pour l’assas­sinat d’un gouverneur génois au XVIe siècle, il appartint au fief des seigneurs du Cap, les da Mare, traditionnellement alliés aux Génois mais dont l’un des descendants, Giacomo Santo, rejoignit l’armée franco-corse de Sampiero Corso.

Vent d’ouest et neige au col de Vergio

On imagine trop la Corse en­soleillée et méridionale. Il ne faut pas oublier qu’elle est d’abord une «montagne dans la mer». Les hivers y sont rudes et la plupart des cols restent fer­més de longues semaines. Les vents d’ouest apportent des tourmentes de neige dignes des massifs alpins et il n’est pas rare que le manteau qui re­couvre les montagnes atteigne plusieurs mètres d’épaisseur.

Hiver en montagne

Aux bousculades de l’été (touristes du continent auxquels se joignent les Corses de l’ex­térieur, revenus chez eux le temps des vacances) succède la solitude de l’hiver. Dans la montagne, arbres dénudés et pentes neigeuses remplacent nature exubérante et nuits à la belle étoile. La Corse ne vit que six mois par an.

26 Ski dans la haute-vallée de l’Asco

Les seuls Corses à: se satisfaire de l’hiver sont les citadins, venus d’Ajaccio ou de Bastia pour se livrer aux joies – limi­tées – du ski, dans la haute-vallée de l’Asco. L’équipement de la station de Haut-Asco se compose d’un hôtel et de deux remonte-pentes, heureusement cernés par le Monte Cinto, le cirque glaciaire de Pampanosa et le Capo Stranciacone.

Pont génois sur la rivière Golo

La présence génoise ne s’est pas limitée aux rivages de la Corse. Preuve en soit ce pont, construit par les Génois sur la rivière Golo, en un lieu séparé du rivage (Porto) par le plus haut col de Corse, celui de Vergio (1464 ni). On est ici à la limite de l’immense Parc naturel régional de la Corse, sanctuaire impressionnant à l’abri de montagnes redoutables, qui cul­minent à plus de 2700 mètres.

 

Village de Coti-Chiavari

 

Le village de Coti-Chiavari (Corse) compte moins de 500 habitants. De son esplanade ombragée, on domine le golfe d’Ajaccio et on aperçoit les îles Sanguinaires. Les activités s’y étiolent, le nombre des habi­tants va décroissant et seul l’afflux des villageois exilés sur le continent donne, en été, un semblant de vie. En arrière-plan, les chaînes de montagnes de la Corse centrale, qui restent enneigées jusqu’au milieu du printemps.

 

Marina de Centuri (Cap Corse)

La marine de Centuri est l’une des plus agréables du Cap Corse. Créée artificiellement au XVIIIè siècle par un mécène désirant initier les habitants à la pêche à la langouste, elle continue d’abriter une communauté de pêcheurs qui cohabitent sans trop de frictions avec les tou­ristes. Le hameau voisin de Canelle serait la Kanelate citée par Ptolémée. Quant à Centuri, elle fut un oppidum romain important avant de renaître par la grâce de la langouste.

Pétanque

Après l’inévitable sieste qui, en été, permet d’échapper au fou­droyant soleil de l’après-midi, la vie reprend peu à peu ses droits. Mais le jeu le dispute souvent au travail et les parties de pétanque donnent lieu à d’homériques affrontements. On y joue parfois sur des terrains planes (comme ici à Cargèse) mais, la plupart du temps, quelques mètres de terre semée de cailloux et d’herbes sèches suffisent à ces joutes vespérales. On ne joue pas d’ar­gent, mais la «tournée» au café du village, vin du pays ou pastis largement allongé d’eau fraîche. Les perdants abreuvent les gagnants, qui accorderont à leur tour une revanche à leurs adver­saires… Il peut arriver qu’ainsi la nuit tombe sur les joueurs sans qu’ils y prennent garde. A noter que, pour le visiteur, le jeu (qu’il soit de boules ou de cartes) est l’un des plus sûrs moyens de tisser des liens avec les villageois qui, sinon, profes­sent volontiers méfiance et ironie à l’égard des conti­nentaux.

Les îles Sanguinaires

A 12 kilomètres à l’ouest d’Ajac­cio, les îles Sanguinaires doivent leur nom à l’extraordinaire couleur rougeâtre dont elles se parent au coucher, et non à des événements sanglants que rapporte la légende, pas plus qu’à une hypothétique lépro­serie (à cause de la couleur rouge sombre du sang des ma­lades). L’écrivain Alphonse Daudet y séjourna dans les an­nées 1860 et consacra l’une des ses «Lettres de mon moulin» au «Phare des Sanguinaires».

Souvenir(s) de Napoléon

Le souvenir de Napoléon Bona­parte, né à Ajaccio le 15 août 1769, est présent partout. Celui qui, devenu Empereur des Français, allait infléchir le cours de la Révolution et faire croire à la France qu’elle pouvait de­venir maîtresse de l’Europe, figure en bonne place aux devantures des échoppes à tou­ristes, à la terrasse des cafés bor­dant le Cours portant son nom, au fronton des édifices et dans le marbre des statues. Même l’hymne local (l’Ajaccienne) lui est dédié et la municipalité abrite sous son étiquette «bona­partiste» un certain nombre de nostalgiques de l’époque impé­riale. Le visiteur fera un détour par la maison natale du héros, le retrouvera en Premier consul au sommet (le la fontaine des Quatre-Lions, le saluera en Empereur romain sur la place Général-de­-Gaulle et s’inclinera, au Musée napoléonien, devant son acte de baptême (21 juillet 1771) et le masque mortuaire réalisé dans l’exil de Sainte-Hélène, le 5 mai 1821.

Eglise de la Trinité à Aregno

L’église de la Trinité à Aregno (Balagne). Elevée au milieu du VIIè siècle, elle surprend par la polychromie de son architecture de style roman-pisan et par les sculptures de la façade, ornée de curieux personnages. Une femme, vêtue d’une longue robe, tête couverte et mains sur les hanches (à gauche) et un homme nu tenant en mains les tables de la Loi (à droite), gardent le portail d’entrée, tandis que les arcatures sont décorées de surprenants qua­drupèdes mythologiques.

Bastia ancienne et moderne

La partie ancienne de Bastia, dominée par l’église Saint-Jean-Baptiste, se distingue nettement de la ville nouvelle, qui s’étend chaque jour un peu plus. CarBas­tia, cité historique, est aussi le poumon économique de la Corse.

Vieux-port de Bastia

Le Vieux-Port de Bastia accueille les navires de plai­sance comme les bateaux de pêche. Vacanciers et gens de mer se côtoient sans vraiment s’apprécier mais le charme fra­ternel du lieu facilite les contacts. Jadis, un anneau fixé au bas de la citadelle servait d’amarrage aux voiliers et un adage bastiais l’attribuait, en guise de cadeau de mariage, aux présumées vieilles filles.

Orangers dans la plaine orientale

Dans la plaine orientale, tout pousse, même les oranges. Abandonnée par les habitants du fait de la malaria, cette ré­gion alluvionnaire a été mise en valeur, grâce aux prêts de l’Etat, par des «pieds-noirs» ra­patriés d’Algérie après l’indé­pendance. Des travaux d’irriga­tion, demandés et jamais ob­tenus par les insulaires, ont été effectués à grands frais et d’im­menses domaines (vigne, agrumes, arbres fruitiers) se sont créés. Des affrontements entre nouveaux propriétaires et anciens villageois éclatent fré­quemment.

Ane et maisonnette de pierres sèches

Au siècle dernier, une dispute pour la propriété d’un âne ou l’usage d’une maisonnette de pierres sèches suffisait àjeter deux familles, désormais enne­mies, dans une vendetta san­glante et sans fin. Si, aujour­d’hui, les ânes vivent en paix à l’ombre des maisonnettes de pierre sèche, c’est qu’il n’y a plus personne pour faire la ven­detta…

Les «Calanche»

Les «Calanche» constituent une des curiosités les plus impres­sionnantes de l’île. Situés à proximité de Porto et Piana, ces rochers érodés, troués, chaoti­ques évoquent d’inquiétants fantômes. Ils ressemblent à «des arbres, des plantes, des bêtes, des monuments, des hommes, des moines en robe, des diables cornus, des oiseaux démesurés, tout un peuple monstrueux, une ménagerie de cauchemar pétri­fiée par le vouloir de quelque dieu extravagant» (Guy de Mau­passant).

Tour génoise dans la baie de Porto

Une tour génoise carrée veille sur la cité de Porto, abritée au fond d’un golfe profond de plus de 10 kilomètres. Dans ce site enchanteur, où la rousseur de la roche joue avec le bleu de la Méditerranée, les vacanciers passent les heures chaudes à l’ombre du bois d’eucalyptus et les heures tièdes sur la plage de galets. Toute cette région fait partie du Parc naturel, dont la faune, protégée, compte le très rare balbuzard, un aigle pêcheur aux allures de goéland.

La ville forte de Corte

Ville forte bâtie au confluent de la Restonica et du Tavignano, Corte reste le bastion culturel, voire politique, du peuple corse après avoir été la capitale de la Corse indépendante. Pascal Paoli y proclama la souveraineté le 13 juillet 1755, édicta une consti­tution libérale et égalitaire et in­stitua une université en langue corse. L’autre héros de Corte est Jean-Pierre Gaffori, «chef su­prême des Corses» assassiné par les Génois.

Une terrasse de Corte

Les Corses ont repris possession des terrasses de bistrots qui émaillent le Cours Paoli, à Corte. Voilà pas si longtemps, on y voyait plus fréquemment des militaires en uniforme. Mais les soldats de la Légion étran­gère se sont tellement heurtés à la population locale qu’ils ont été priés de fréquenter de préfé­rence les hôtels louches proches de leur garnison.

Vieilles maisons de Bastia

Hauts de cinq ou six étages, les vieux immeubles de Terra Vec­chia sont les plus typiques du Vieux-Port de Bastia. Façades décrépies, persiennes toujours fermées pour protéger la quiétude ombreuse d’apparte­ments fleurant bon les odeurs d’autrefois, lessive flottant aux balcons, c’est le lieu de prédilection des Bastiais et, dès la nuit venue, cafés et cabarets apportent la plus vive animation, tandis que les nombreux flâ­neurs observent les ultimes yachts entrant au port, grand pavois déployé.

Citadelle et plage de Calvi

La citadelle de Calvi tient une baie très fermée au fond de la­quelle s’étend une immense et magnifique plage. Ville romaine, Calvi fut, au XVI’- siècle, une alliée attentive de la Répu­blique de Gênes, au point que les femmes portèrent aide aux soldats pour défendre – avec succès – la cité contre les at­taques françaises. D’où sa devise, gravée au-dessus de la porte d’entrée de la citadelle: «Civitas Calvi semper fidelis». Autre titre de gloire, Calvi serait (?) la ville natale de Christophe Colomb.

Avapessa, en Balagne

Le petit village d’Avapessa, en Balagne, compte désormais plus de maisons que d’habitants (73), car la région se dépeuple. Les oliviers alentour ne donneront bientôt plus d’huile, la concur­rence internationale a tué les productions artisanales. Si rien n’est fait pour recréer et défendre le travail local, il n’y aura bientôt plus que des vil­lages fantômes.

Ajaccio

Située au fond d’un golfe admi­rable s’ouvrant sur la côte occi­dentale, Ajaccio est un centre touristique et commercial im­portant, même si les Ajacciens entretiennent finalement peu de liens avec la partie montagneuse – on pourrait dire «authentique» – de l’île. Fondée en 1492 par l’Office de Saint-Georges qui administrait la Corse pour le compte de la République de Gênes, Ajaccio fut, un siècle durant, interdite aux Corses.

Eglise de San Michele

L’église de San Michele, isolée sur un promontoire proche du vil­lage de Murato, a été construite en style roman, au  XIIè siècle, avec de la serpentine vert sombre, extraite du lit de la rivière proche et facile à travailler. Le clocher a malheureusement été surélevé au XIXe siècle, ce qui nuit aux proportions. Sur la façade, divers animaux sculptés semblent évoquer la faune du jardin d’Eden et entourent une Eve nue cachant son sexe de la main. Des mains coupées et des ciseaux, ainsi que des rouleaux de parchemin, rappellent aussi l’ancienne fonction judiciaire de l’Eglise.

Chapelle de San Quilico en Castagniccia (détails et vue d’ensemble)

Située dans la végétation luxu­riante de la Castagniccia, sur le flanc ouest du Monte San Petrone, la chapelle San Quilico est un petit édifice de style roman,cons­truit au début du XIII, siècle. Faite de grandes dalles taillées dans un schiste jaune, elle a conservé sa toiture d’origine. Comme la plupart des édifices religieux de l’île, elle a subi une longue période d’abandon, due aux persécutions et expulsions dont ont été victimes les ecclé­siastiques corses pendant la Ré­volution française. A l’intérieur, des fresques du )(Vie siècle sont en cours de restauration mais les pièces les plus originales se trouvent sur la façade. Rehaussé d’un motif d’entrelacs sculpté, le tympan de la porte Sud (photo 55) figure un homme debout, vêtu d’une légère tunique re­tenue par une ceinture nouée, étranglant de sa main gauche un dragon qu’il s’apprête à ache­ver grâce au poignard à courte lame qu’il tient dans la droite. Cette scène symbolise sans doute la victoire du Bien sur le Mal, tandis que le tympan de la porte Ouest représente une curieuse Tentation d’Eve en présence d’Adam, symbole de la provo­cation du Péché originel.

Quant aux arcatures situées sous l’avancée du toit, elles s’ap­puient sur des modillons sculp­tés en forme d’animaux et de têtes d’hommes. L’une de ces statuettes (photo 56), ange dé­bonnaire aux bras tendus vers le ciel, rappelle étrangement les motifs de San Michele de Mu­rato et de la Trinité d’Aregno. Toute cette région, restée long­temps d’accès difficile, a conservé des traditions bien ancrées. La messe est encore chantée «a paghiella» et les mys­tères de la mort et de l’au-delà continuent de hanter les popula­tions. Malheureusement, les vil­lages se dépeuplent et les en­fants, exilés sur le continent, reviennent parfois plus en va­canciers conquérants qu’en héritiers de la tradition. Il est symptomatique, en tout cas, de noter que les visiteurs se font de plus en plus rares, même dans des lieux aussi chargés d’art et d’histoire.

Toits de Sartène

La ville de Sartène, sous-préfec­ture de la Corse du Sud, a conservé au fil des siècles un aspect moyenâgeux et austère. La cité doit d’avoir survécu, tout à la fois à la richesse de la ré­gion environnante (le Sartenais) et à sa tradition historique, plus sensible au maintien du pouvoir établi, fut-il génois, qu’à la révo­lution apportée par les idées nouvelles. Juchée sur un pro­montoire, Sartène fait toujours mine d’ignorer le reste du monde.

Costume traditionnel du muletier

Le port du costume traditionnel a presque totalement disparu en Corse. Seuls quelques bergers et muletiers (celui-ci a été photographié à Sartène un jour de marché) arborent encore l’habit de velours, le grand chapeau noir, la chemise à carreaux et… la chaîne de montre. Pourtant, la tradition semble aujourd’hui vouloir renaître. Lorsqu’un marché aux bestiaux draine vers la fraîcheur d’un col montagneux les anciens et nouveaux bergers, la Corse ancestrale relève fière­ment la tête.

Incendie dans le maquis

Fléau de la forêt corse, l’incen­die peut éclater à tout moment et dévaster en quelques heures des centaines d’hectares. Cercle vicieux: les paysans ont aban­donné la terre et laissé gagner maquis et broussailles, qui s’embrasent à la première étin­celle. Dès lors, la maigre couche de terre arable, que retenaient les racines, est emportée par le premier orage. Et les jeunes qui voudraient reprendre l’exploi­tation ancestrale ne trouvent plus que rochers et caillasse où toute culture est impossible.

Le rocher de Bonifacio

La légende affirme que le rocher de Bonifacio abritait les géants Lestrygons qui anéantirent la flotte d’Ulysse. Ce qui est sûr, c’est que, de toute antiquité, la valeur stratégique de ce pro­montoire intéressa les souverains européens. Boniface, marquis de Toscane, fonda la ville en 828. Les Génois l’investirent dès 1187 et, depuis, Bonifacio est restée fidèle au pouvoir, puis au souvenir de Gènes, au point que la langue y est, aujourd’hui encore, plus proche du parler génois que de la langue corse.

Le Capo Pertusato, point le plus méridional de Corse

Le Capo Pertusato constitue le point le plus méridional de l’île de Corse. Certes, quelques îlots déchiquetés et quasi déserts émaillent encore, plus au sud, la partie française des Bouches de Bonifacio. Ici, la Corse est déjà loin, même si la Sardaigne est encore à une quinzaine de kilomètres. Mais attention ! Le calme des Bouches de Boni­facio est trompeur. Que se lève le vent d’ouest et les vagues vont perler, les courants zèbre­ront le chenal.

Aiguilles de Bavella

Les Aiguilles de Bavella, qui culminent à 1596 mètres, gardent le col reliant les deux versants de la chaîne monta­gneuse qui divise l’île en «en-deçà» et «au-delà» des monts. Ces escarpements fantasmagori­ques rappellent à propos que la Corse est d’abord une «mon­tagne dans la mer» et que les Corses, plus montagnards que marins, ont appris au fil des siècles à se garder des choses et des gens venus du dehors. Cette méfiance qui, seule, leur a per­mis d’échapper aux vicissitudes de l’histoire et aux caprices de la géographie explique sans doute leurs coutumes et leurs comportements, souvent dé­concertants pour le visiteur.

Marina et citadelle de Bonifacio

La marine de Bonifacio, abritée au fond d’un goulet que protège une falaise haute de plus de60 mètres, est un havre rêvé pour les navigateurs de plaisance. Ils attendent, au pied de la cita­delle (occupée par la Légion étrangère), que les grands vents d’ouest cessent de secouer les Bouches de Bonifacio séparant la Corse et la Sardaigne.

Punta di u Diamante

La Punta di u Diamante, qui domine la forêt de pins de l’Ospedale, évoque par sa forme le cône régulier d’un diamant. Les pins enfoncent leurs racines profondes dans les interstices de ce granit érodé par les vents, le froid (on est à 1198 mètres d’altitude), les étés caniculaires et les pluies orageuses. Dans cette région giboyeuse, on chasse le sanglier, la bécasse, la pa­lombe. Et les braconniers sont plus nombreux que les déten­teurs d’un permis de chasse. Ou de pêche, puisque les ri­vières cristallines regorgent de truites qui n’ont, malheureuse­ment, pas le temps d’atteindre la taille réglementaire.

L’âge de la retraite

Retraités revenus en Corse après une trop longue carrière de fonctionnaire sur le continent, propriétaires terriens ayant vendu leur propriété à une quelconque entreprise touristique, paysans vivant d’une maigre rente ou commerçants ayant passé la main, les vieux sont légion. Entourés de respect et de consi­dération par les rares jeunes restés au pays, ils filent des jours calmes à l’ombre salutaire des places publiques.

Le «pénitent Catenacciu» à Sartène

Le Vendredi Saint est l’occasion de nombreuses processions à travers toute l’île. La plus spec­taculaire est sans conteste celle de Sartène où le «Catenacciu», pénitent inconnu, visage enca­goulé et pieds nus traînant une lourde chaîne, effectue par les rues de la ville un épuisant chemin de croix. Le pénitent rouge, qui porte une croix pesant 30 kilos, est assisté par un autre pénitent inconnu, blanc celui-là, qui tient le rôle de Simon de Cyrène escortant le Christ. Seul le curé connaît l’identité de ces hommes, dont la rumeur affirme qu’ils sont des criminels repentis.

Fresques de San Nicolao de Sermano

Les richesses de l’île sont sou­vent difficiles d’accès. Jugez plutôt: «Pour la chapelle San Nicola() de Sermano, demander la clé à l’atelier d’artiste dans la rue principale à un quart d’heure à pied par le chemin qui s’ouvre face à l’église paroissiale et des­cend en contrebas du village» (Guide Michelin, page 148). Mais l’effort est récompensé et le vi­siteur découvre, dans cette mo­deste chapelle, une abside portant de très belles fresques fi­gurant un Christ en j ma esté entre  la Vierge et saint Jean-Baptiste, ainsi que saint Christophe et saint Georges terrassant le Dra­gon. Les fresques de cette chapelle romane semblent dater du XVe siècle.

Vieil homme sarde à Sassari

La Sardaigne profonde arbore le visage d’une sagesse matoise et tranquille, acquise au fil des siècles dans le respect de la tra­dition, de la famille et des an­cêtres. Dans chaque village sub­siste et fleurit le goût des choses d’autrefois. Ainsi, chaque année, lors de la Cavalcata Sarda de Sassari, les plus petits hameaux comme les plus gros bourgs y envoient leurs représentants en costume traditionnel.

 «Ballo Sardo» à la Cavalcata Sarda de Sassari

La Cavalcata Sarda de Sassari, bien plus qu’un simple défilé traditionnel, est d’abord une im­mense fête populaire où les musiciens venus de toute la Sar­daigne redoublent de virtuosité pour animer le «ballo sardo» au­quel les jeunes bergers descen­dus des montagnes voisines invitent les jouvencelles escor­tées par leurs parents… Le pif­fero champêtre et l’accordéon sont des instruments fréquents.

Joueur de «launeddas»

Les «launeddas», flûtes à trois fûts, exigent une solide maîtrise, un souffle profond… et de bon­nes joues. La cavité buccale y tient en effet le rôle de la panse de cuir dans une cornemuse. Le son des launeddas est aigre­let, répétitif, monotone parfois.

Richesse du costume tradi­tionnel

La Sardaigne est pauvre, mais le costume traditionnel est somp­tueux. Les velours et dentelles ne servent en fin de compte qu’à mettre en valeur les bijoux omniprésents. Attention! La prospérité de la famille s’estime au poids d’or et, dans ce pays où les bandits enlèvent encore les riches visiteurs pour une poignée de lires, il faut prendre quelques précautions: le cortège de Sassari est surveillé par des policiers armés.

Broderie dans le costume traditionnel

La broderie fait partie de l’art du costume. La confection d’un châle, d’une mantille ou d’un gilet peut requérir le travail d’une brodeuse pendant tout un hiver. Mais tant pis! Quand re­viendra l’été, et avec lui les fêtes, il faudra que le chatoiement polychrome d’un bouquet, brodé sur le velours sombre du costume, attire l’attention et force le respect. Oliena, Bosa et Teulada sont les centres incon­testés de la broderie et de la dentelle sarde. Mais, partout, le goût des belles choses se per­pétue.

Femme sarde

La place qu’occupe la femme sarde, la dignité dont elle se pare, le respect dont l’entoure la société villageoise n’est pas sans rapport avec l’histoire. C’est une femme, Eleonore d’Arborea, qui a fait fleurir la liberté de la Sar­daigne soumise.

Danses en groupe

Chaque village compte de nom­breuses associations. La plupart d’entre elles sont tournées vers le culte du passé et de la tradi­tion, ce qui explique la survi­vance de danses de groupe, hé­ritées du temps où les seules distractions étaient collectives.

Massif du Sopramonte

Le massif du Sopramonte a été, de tous temps, un repère de bandits en rupture de société. L’âpreté de la nature et du cli­mat, la solidité du relief et la dif­ficulté des communications y sont pour beaucoup. Aujour­d’hui encore, des hommes re­cherchés continuent de vivre ici sans être autrement inquiétés. Ils apparaissent par-fois dans les villages, et malheur à celui qui les trahirait.

Peintures murales modernes à Orgosolo

La caractéristique d’Orgosolo a longtemps tenu à la légende – et à la triste réalité – des bandits d’honneur. Depuis un quart de siècle, le combat est descendu dans la rue en même temps que les «murales», peintures murales qui émaillent toutes les rues du village et qui exaltent les révol­tes du peuple sarde, ainsi que sa lutte contre la présence admi­nistrative, politique et militaire italienne en Sardaigne.

Repas de bergers

Les bergers, qui mènent généra­lement une vie de solitaires avec leurs troupeaux, se retrouvent à l’époque de la tonte des moutons, qui requiert la participation de plusieurs hommes, solides et aguerris. L’heure de midi est alors l’occasion de repas cham­pêtres.

Ancienne bergerie dans le massif du Gennargentu

Certaines bergeries, dans le massif du Gennargentu, sont construites à l’aide de bran­chages disposés sur une armature faite de pieux convergeant en faisceaux. La fraîcheur y est plus grande que dans les bergeries de pierre sèche, ce qui permet de confectionner plus aisément, dans un large chaudron de cuivre, le fromage de brebis. Mais les traditions s’étiolent et, de plus en plus, le lait est dé­posé sur le bord des routes, à l’intention d’un camion de ra­massage.

Femmes sardes

Dans leurs amples habits noirs, les femmes des villages de mon­tagne n’ont pas d’âge. Mais elles ont de la mémoire, et tant de choses à se confier. Si on ne les aperçoit guère entre le mariage et la vieillesse, elles réapparais­sent avec délices lorsque les an­nées les mettent à l’abri des convoitises et des regards d’en­vie. Et alors, elles se vengent des années de silence imposées par un mari désormais disparu ou impotent…

Montagne et solitude

La montagne est le royaume des troupeaux et de la solitude. Quelques arbres, de la caillasse, des herbes rares et, çà et là, le sommet d’une montagne aride (ici le Monte Novo San Gio­vanni, 1316 m).

Viande grillée à la manière sarde

La viande n’est pas au menu quotidien des bergers, qui se sa­tisfont généralement de pain, de fromage et de lait. l’ourlant, lorsque reviennent les mois froids, on tue les bêtes qui ris­quent de ne pas supporter l’hiver. C’est l’ocassion de grands repas fraternels à l’ombre des bergeries. Les morceaux de viande, disposés au-dessus de la braise, sont aspergés de graisse chaude qui s’enflamme sous l’effet de la chaleur.

Les «mammuthones» de Mamoïada

Les «mammuthones» de Ma­moïada (à 20 km de Nuoro, dans les premiers contreforts de la Barbagia) sortent à la période de carnaval. Une vingtaine d’hom­mes, portant un masque de bois sculpté fixé avec un mouchoir de femme, des grappes de son­nailles dans le dos et des clo­chettes au cou, marchent à pas lents dans les rues du village, ac­compagnés par le frisson loin­tain d’une terreur insurmon­table.

Char fleuri à la fête de San Erisio à Cagliari

Le retour de la belle saison est marqué par la fête de San Efisio, à Cagliari, capitale de la Sar­daigne. Le 1er mai, des chars fleuris, tirés par des bœufs itou, emmènent par la ville les jeunes filles arborant le costume tradi­tionnel et chantant à tue-tête les refrains de leur village. La fête fait partie de la vie au même titre que les peines.

Joueur de «piffero»

Pas de méprise! La longue cale­basse de ce joueur de «piffero» n’est pas l’étui – trop grand – de sa minuscule flûte. Non. Dans la chaleur de l’été, on peut faire de la musique avec un rien mais, pour se désaltérer, il ne faut pas oublier sa gourde!

Femme-fruit(s)

La nature sarde sait être géné­reuse quand il faut. En donnant aux orangeraies tout le soleil qu’elles méritent. Et aux femmes de l’île cette beauté grave et ample, ce regard sombre et cette attitude un rien hautaine qui donne aux choses et aux êtres la saveur de l’interdit.

Cavalcata Sarda à Sassari

Comme son nom l’indique, la Cavalcata Sarda qui se déroule à Sassari, le jour de l’Ascen­sion, fait une large place au che­val. Mais elle est surtout l’occa­sion d’un étonnant chatoiement. A la rigueur du costume mascu­lin, simple jeu de noir et de blanc auquel une tache de rouge vient donner vie, correspond l’extraordinaire diversité du costume féminin, à l’image (le celle de l’île. A chaque village correspond un costume distinct.

Bijoux et dentelles de Sinnaï

Bijoux, dentelles et tissus riche­ment parés constituent le vête­ment traditionnel des femmes de Sinndi, grosse bourgade qui fait revivre son passé, chaque année, le 21 niai. La noblesse et la sérénité des traits caractérisent l’attitude de la femme sarde.

Liège fraîchement récolté

A l’ère de la matière plastique, le liège reste une ressource im­portante de l’île, même si des milliers de chêne liège sont dés­ormais enfouis dans un maquis sauvage dédaigné par l’homme, et si les incendies d’été en ont anéanti beaucoup d’autres. Les arbres ne sont pas légion, sur cette île que les conquérants successifs ont dévastée pour mieux chasser les habitants, et le liège servait traditionnelle­ment à la fabrication de petits meubles. Aujourd’hui, la Sar­daigne en exporte en Corse voisine.

Mariage à Busachi

Un mariage à Busachi (région d’Oristano). Dans les commu­nautés villageoises, le mariage reste l’affaire de familles, on pourrait même dire des clans. La cérémonie commence, un mois avant les épousailles, dans la maison de la promise. C’est là qu’on choisit le froment qui servira à confectionner le pain et les douceurs. Car, le jour des noces, il y aura des centaines d’invités pour déguster les mets familiaux, d’abord chez les pa­rents de la mariée, puis chez ceux de l’époux. C’est ce cor­tège qu’on voit ici. On notera le sérieux de la situation et des vi­sages, ainsi que la richesse du costume féminin local, brocart rouge et voile blanc.

Fin d’après-midi à Bonorva …

A Bonorva comme partout, une bonne partie de la vie se passe dans la rue, devant les maisons. Il suffit d’une chaise de paille, d’une marche d’escalier ou de l’angle d’une porte pour que débute une interminable conversa­tion à propos des récoltes, de la scolarité des petits-enfants, du dernier décès au village ou de l’ineptie des politiciens. Les mains savent en dire plus que les mots, les visages aussi.

… et à Martis

Pas de doute: en Sardaigne, la communication se fait de vive voix. La preuve? La place est pleine et la cabine télépho­nique vide! Cette photo, prise dans le nord de l’île, rappelle que les vieux ont leur place dans la cité et que la vie, même si elle n’est jamais luxueuse, sait profiter des rythmes de la sagesse.

Tradition du pain à Sinnaï

Les boulangers sardes ne feront jamais fortune. Chaque maison familiale – ou presque – possède son four à pain. A Sinnaï, la tra­dition est particulièrement vi­vante et on voit ici la fille (en costume traditionnel du village) et la mère (vêtue de sombre comme le sont les aînées) en-fourrier le «modizosw>, pain de la semaine fait de deux farines, l’une affinée et l’autre plus rus­tique, ce qui permet une bonne conservation. Le pain du di­manche (« coccoi») ne comporte que de la farine blanche et les femmes le décorent savamment.

La traite des brebis

Les terres pauvres de la vieille Sardaigne érodée comptent au moins une richesse, les trou­peaux de brebis. De toute éter­nité, leur toison a permis de fa­briquer vêtements, tapis et cou­vertures. Et leur lait, récolté deux fois par jour dans des en­clos de branchages, donne un fromage doux, onctueux et nou­rrissant. Il n’est pas de table sarde sans fromage de brebis et c’est tant mieux!

Cagliari

Centre politique, administratif, économique et culturel de la Sardaigne, Cagliari est une grande ville sans grâce particu­lière. Les quartiers dignes d’in­térêt ont trop souvent été sacri­fiés à la circulation automobile (qui n’est guère plus fluide pour autant…). Pourtant, de beaux monuments, d’anciennes de­meures, de discrètes empreintes du passé témoignent de sa longue histoire.

Château de Las Plissas et église

Dans la région fertile de la Mar­milla, à une soixantaine de kilo­mètres au nord de Cagliari, on découvre l’image insolite de ruines du Xlle siècle (celles du château de Las Plassas) surveil­lant du haut d’une colline douce la solitude d’une église aban­donnée au milieu des champs. L’histoire sarde est ainsi faite que les centres vitaux se sont déplacés au fil des invasions, des guerres, des épidémies et que, dans cette quête d’une vie meilleure (ou plus simplement de leur survie). les Sardes ont laissé derrière eux les vestiges d’un passé qu’ils seraient bien en peine de reconnaître pour leur.

Dans le port de Cagliari

Les échanges commerciaux se font essentiellement par le port de Cagliari, même si plusieurs autres ports ont des liaisons ré­gulières avec le continent et si, de plus en plus, les touristes utilisent la vole aérienne pour leurs vacances sardes. Les nou­velles nourritures terrestres arri­vent désormais de toute l’Eu­rope, mais elles sont surtout destinées aux citadins: dans la campagne, on continue de vivre en semi-autarcie.

Football dans les ruelles de Cagliari

A la différence de la Corse, la Sardaigne garde ses jeunes. Les villes, en particulier, regor­gent d’adolescents peu enclins à suivre leurs ancêtres sur les che­mins tortueux et difficiles de la tradition. Ils préfèrent le foot­ball aux longues marches en montagne, et les miroirs trom­peurs de la télévision aux joutes de poètes. Mais leur avenir reste incertain. Il n’y aura pas de tra­vail pour tous et l’émigration, fléau permanent de la Sardaigne, les guette comme il a guetté les générations

Alghero, port et ruelle

La cité d’Alghero, qui s’ouvre sur une ample rade de la côte occidentale, a du sang espagnol dans les veines. Conquise par la flotte aragonaise en 1353, elle est restée, des siècles durant, fidèle à ses maîtres ibériques. On no­tera sur cette photo, de gauche à droite, la tour carrée de Porta a Terra où, jusqu’en 1848, on fermait la ville au cri de «Qui reste reste». Puis le clocher ara­gonais hexagonal. Enfin le dôme polychrome de l’église dédiée au patron d’Alghero, San Michele.

La vieille ville d’Alghero a conservé, de la présence arago­naise, les ruelles aux pavés ronds, parcourues par un dallage destiné aux roues cerclées des charrettes, ainsi que l’appellation espagnole de «calle» pour les rues, et une certaine propension architecturale pour les arcs, voûtes et autres courbes d’ori­gine catalane. Même si, aujour­d’hui, la langue sarde reprend un peu de ses droits, le parler local reste largement empreint d’expressions et de formes grammaticales catalanes, appor­tées par les premiers colons.

La falaise de Capo Caccia, sur la côte occidentale, près d’Alghero

Le Capo Cdccia, dans les envi­rons d’Alghero. Sa haute falaise de calcaire crétacé fait pièce aux vagues venues du nord-ouest et protège, outre la belle anse de Porto Conte, toute la baie d’Al­ghero. Un escalier de 656 mar­ches, pour la plupart taillées dans le rocher, permet de descendre par la face ouest jusqu’au ras des flots, pour gagner les Grot­tes de Neptune, auxquelles les visiteurs préfèrent généralement accéder par la mer.

Les grottes de Neptune

Les grottes de Neptune sont sans nul doute les plus belles de Sardaigne. L’orifice s’ouvre à 1 mètre au-dessus du niveau de la mer puis s’engouffre en biais sous l’avancée du Capo Caccia. On débouche alors sur un lac intérieur, long de 150 mètres, large de 25 à 50 mètres et pro­fond de près de 10 mètres, en communication souterraine avec la mer. Les parois de la voûte, haute d’une vingtaine de mètres, sont couvertes de concrétions calcaires aux formes les plus hallucinantes.

Vigne entre Orgosolo et Mamoïada

La vigne et le vin sont à l’hon­neur dans toute la Sardaigne. Les crus sont généreux et riches en alcool, mais ils ont reçu tant de soleil qu’ils sont sans l’ombre de malice. Impossible de se rendre malade en les dégustant, mais il est sage de prévoir un temps de repos. La sieste n’est-elle pas faite pour ça? Quel dommage qu’on ne trouve de vins sardes que sur place. La Vemaccia, le Canonau et le Vermentino seraient pourtant d’excellents ambassadeurs…

Ulassai, au pied du Bruncu Matzeu et du Bruncu Pranedda

Comme en Corse voisine, les habitants de la Sardaigne ont construit leurs villages loin de la mer, des invasions et de la malaria. Mais, à la différence de la Corse, les villages sardes, loin d’être abandonnés, continuent de s’agrandir lentement, au rythme des années et des géné­rations (ici, Ulassai, 2500 habi­tants qui vivent à 740 mètres d’altitude, au pied du Bruneu Matzeu et du Bruncu Pranedda).

Santa Trinità di Saccargia

La Santissima Trinità di Saccar­gia se dresse, seule, au milieu de la campagne du Logudoro. Le nom de Saccargia signifiait vraisemblablement «pré à vaches» et, à cet égard, rien n’a changé en huit siècles. L’église, qui était flanquée d’une abbaye, a été construite entre 1112 et 1190. De style roman, elle est faite de bandes de basalte noir et de cal­caire, selon la tradition pisane. Si l’aspect extérieur est cha­toyant, voire joyeux, l’intérieur est sévère, comme il seyait aux ordres de l’époque. Seule l’abside médiane conserve une série de très belles peintures datant du XIIIè siècle.

Archipel de la Maddalena, au nord-est de la Sardaigne

A l’extrême nord-est de la Sar­daigne, l’archipel de la Madda­lena compte sept îles d’une sur­face de 43 kM2. La principale abrite la petite cité de Madda­lena, où accoste le bac en prove­nance de Palau. Les lieux ont connu récemment un grand essor touristique. Ils sont aussi chargés d’histoire. L’église pa­roissiale conserve deux chande­liers offerts par l’amiral Nelson peu avant sa victoire sur la flotte française à Trafalgar. Et, sur­tout, l’île voisine de Caprera, re­liée à La Maddalena par un pont, fut le lieu de retraite de Giu­seppe Garibaldi, dont on visite la maison. Cet ensemble de pe­tites constructions basses per­dues dans une oasis de verdure recèle les meubles qui étaient ceux du grand homme. Sa tombe est gardée en permanence par un marin en armes et les habi­tants de l’archipel connaissent par cœur les étapes de sa vie, de la naissance à Nice en 1807 à la mort à Caprera en 1882, en pas­sant par les exils américains suc­cessifs, la révolution italienne de 1848, la victoire sur les Autri­chiens à Varese et Brescia, la prise de la Sicile par les «chemi­ses rouges» et l’indignation de voir Nice, sa ville natale, donnée à la France.

Un détail tout de même: les vi­siteurs qui viennent sur l’île pra­tiquent plus volontiers la pêche sous-marine que le culte du souvenir…

Portail de la Basilique San Gavino à Porto Torres

La basilique de San Gavino, à Porto Torres, a été construite au me siècle sur les ruines d’une nécropole romaine. Quant au portique Sud de style gothique-catalan (photo), il date des an­nées 1400. A l’intérieur, les co­lonnes monolithiques soutenant les trois nefs proviennent en partie d’édifices romains. Dans la crypte se trouve le sarcophage de San Gavino, l’un des héros nationaux chers au coeur des Sardes. Chaque année, le 14 mai et à la Pentecôte, une longue procession amène sa statue jusqu’à une autre église construite près du rivage.

Le Capo d’Orso, près de Palau

Le Capo d’Orso (109 m) surveille la côte nord-est de l’île, à proxi­mité de Palau. Cet immense ro­cher (haut de plusieurs étages) était connu dès l’antiquité pour sa forme d’ours aux aguets. La main de l’homme est étran­gère à cette sculpture. Seule l’érosion des vents marins en est responsable. En t’ait, toute cette partie de la côte présente des reliefs étonnants.

Presqu’île de Capo di Pula

Une tour du XVè siècle juchée sur un rocher solitaire, une barque de pêche quittant le ri­vage au petit jour, ce pourrait être le début d’un film ou le pre­mier vers d’un poème. Mais, en Sardaigne, la sérénité est quoti­dienne, la démesure omnipré­sente. Dans la solitude d’un matin d’été, on se prend à rêver. Et le rêve tourne au cauchemar. Que deviendraient ces lieux idylliques si, demain, un magnat du tourisme décidait d’en faire un camp géant pour vacanciers domestiqués? La Sardaigne vaut mieux que ça et elle commence à en prendre conscience, après avoir permis que se réalisent, dans des lieux d’une sauvage beauté, des constructions de luxe sans rap­port avec la tradition du peuple sarde.

Anguilles et mulets

Peu friands de poissons de mer, les Sardes le sont de ceux des étangs. Les anguilles sont un mets de choix qu’on peut trou­ver, simplement grillées sur de la braise, lors de toutes les fêtes populaires qui émaillent l’été. Lorsque la canicule se fait in­sistante, les manifestations de plein air ont parfois lieu au petit jour, ce qui n’empêche nul­lement d’accompagner le pre­mier café de saucisses grasses ou de poissons odorants.

Cité de Bosa et rivière Temo

La cité de Bosa, construite sur la rive droite de la rivière Temo, respire la quiétude. Le château de Serravalle la protège et, dans l’ombre des maisons, la vie est fraîche comme l’eau de la ri­vière. Mais l’histoire sait être violente. Les murs du château se souviennent du refuge accordé au marquis d’Oristano après sa défaite à la bataille de Macomer, du blocus aragonais et de sa fuite manquée sur un voilier intercepté par la flotte ennemie.

Enfants dans les ruelles de Bosa

Les enfants des villages sont-ils plus heureux que ceux des vil­les? Du moins évoluent-Ils entre des pierres familières, des murs aux mille histoires, des portes aux cent mystères. Vivront-ils ici leur vie d’adultes? Ou le goût des choses facilement acquises les poussera-t-il dans la cohorte des émigrés en quête de travail? A cet âge, on n’a qu’une préoc­cupation, le jeu.

Port de Castelsardo

Symphonie de verts et de jaunes sur le versant nord de Castel­sardo, symphonie de bleus dans le petit port abrité des vents. Ici, on pêche surtout la lan­gouste, ce qui fournit du travail aux hôteliers, bien sûr, mais aussi aux artisans vanniers qui confectionnent les nasses. Quant aux bateaux, il y a beau temps qu’on n’en fabrique plus de semblables. Dommage, c’étaient les meilleurs!

Eglise de San Antonio de Bisarcio

L’église de San Antonio de Bisarcio domine le plateau du Logudoro et constitue l’un des joyaux architecturaux de l’île. Edifiée au XII’ siècle, elle est reconnaissable à son clocher tronqué et au mélange de pierres rougeâtres et verdâtres qui rappellent les églises pisanes. L’église, en cours de restaura­tion, est perdue en pleine nature. On la visite en demandant la clé à la ferme la plus proche…

Promontoire de Castelsardo

Le promontoire de Castelsardo porte une bourgade attrayante et pittoresque installée sur le cône trachytique qui l’orme la colline. Il domine le golfe de l’Asinara et, du haut des dernières mai­sons, on aperçoit la Corse au-delà des monts de Gallura. Un tel point stratégique avait de quoi susciter les convoitises. On ne s’étonnera donc pas qu’il se soit appelé, de victoire en défaite, Castel Genovese, Castel­l’Aragonese et, enfin, Castel­sardo.

Vannier à Bosa

L’artisanat reste vivace et, fait remarquable, la production arti­sanale ne s’est pas affadie face à la demande touristique. On tire profit de tous les matériaux na­turels, laine des troupeaux ou fibre végétale, asphodèle, jonc et herbes palustres. Férule et corne. Coraux et nacre. L’artisa­nat a toujours un but utilitaire, ce qui n’exclut pas le raffine­ment dans la décoration ou la conception. Il y a une profonde fierté à créer ces objets, même et surtout si on peut en acheter de semblables, banals et stan­dardisés, dans les échoppes de la société de consommation que boudent les Sardes.

Presqu’île de Capo di Pula

Une tour du XVè siècle juchée sur un rocher solitaire, une barque de pêche quittant le ri­vage au petit jour, ce pourrait être le début d’un film ou le pre­mier vers d’un poème. Mais, en Sardaigne, la sérénité est quoti­dienne, la démesure omnipré­sente. Dans la solitude d’un matin d’été, on se prend à rêver. Et le rêve tourne au cauchemar. Que deviendraient ces lieux idylliques si, demain, un magnat du tourisme décidait d’en faire un camp géant pour vacanciers domestiqués? La Sardaigne vaut mieux que ça et elle commence à en prendre conscience, après avoir permis que se réalisent, dans des lieux d’une sauvage beauté, des constructions de luxe sans rap­port avec la tradition du peuple sarde.

Portique ancien, village de Tratalias

La Sardaigne vit au milieu des vestiges du passé sans toujours s’en apercevoir. Mais elle vit. Ce qu’elle mange, elle le produit et tant pis si elle n’a pas les moyens de restaurer le portique de ses vieilles demeures décré­pites. «Dieu a créé le temps et il en a créé suffisamment.» Le pas d’une femme, la lumière du jour sur un toit de tulles rondes, les herbes qui s’incrustent dans les interstices de murs aban­donnés, le chant du coq et le repos de l’âme, telle est la Sar­daigne modeste et persévérante.

Pêcheurs à Santa-Teresa-di­-Gallura

La Sardaigne n’est guère plus tournée vers la mer que ne l’est sa voisine corse. Pourtant, la Méditerranée regorge de lan­goustes, de poissons de roche, d’oursins et de coquillages. Mais la pêche n’a jamais été vrai­ment hissée au rang d’industrie, ce qui est sans doute déplorable pour l’économie mais permet de conserver aux pêcheurs cette image de dilettantes qui pré­fèrent rater une bonne prise qu’une bonne histoire de pêche en mer..

Femme de Fonni

En Sardaigne, il faut prendre le temps d’observer les visages. Ils en disent plus que tous les manuels d’histoire. On y lit la passion sans laquelle la vie serait si grise, la sensibilité qui fait sai­sir toutes choses, la profondeur d’une âme que la religion a rendu peu accessible aux doutes mais ouverte à la chaleur hu­maine, la conviction d’un idéal simple qui a permis à tout un peuple de survivre, et surtout la volonté farouche qui est le caractère le plus répandu parmi les habitants. Un visage dans la pénombre, c’est la mémoire offerte à qui veut bien la lire.

Femme d’Oliena

Il n’y a pas d’asiles de vieillards dans la campagne sarde. Les vieux restent au village, en fa- mille, et la sagesse accumulée au ni des ans leur donne une place de choix dans les discus­sions, les fêtes et les cérémo­nies. Cette vieille femme sait-elle que les touristes qui la toisent au passage ont peut-être reclus leurs parents pour pouvoir partir en vacances? Sait-elle même que l’étrange appareil que tient en mains un grand voyageur barbu permettra d’en­voyer son image aux quatre coins du monde? D’ailleurs, pourquoi s’en Inquiéterait-elle? Puisque son monde à elle com­mence et finit ici.

Oliena, dans le Sopramonte

Le bourg d’Oliena est typique de ces villages de moyenne montagne installés sur les pre­miers contreforts du Sopra­monte. La vallée est riante et fleurie, le vin est bon. Le jour de la fête votive, on danse sur les tréteaux bâtis pour l’occa­sion. Lorsque passe un enterre­ment, les cafés baissent leur rideau de fer, le temps d’un re­cueillement, jusqu’à ce que l’orphéon ait tourné le coin de la rue. Les soirs d’été, les famil­les déambulent sur le corso en épiant d’un regard les premières œillades de leurs rejetons.

Le reste du temps, tandis que les hommes sont aux champs et les femmes aux fourneaux, seule quelque aïeule sombre, escortée d’un gosse facétieux, vient rompre la solitude des rues écrasées de soleil.

Eglise de San Pietro à Zuri

San Pietro, à Zuri, est la plus tardive des églises romanes de Sardaigne. Elle est aussi la seule à avoir été si singulièrement sauvée des eaux. En effet, dans les années vingt, l’ingénieur Angelo Omodeo effectua les plans d’un lac artificiel qui, construit sur la rivière Tirso, porte aujourd’hui son nom. Il s’agissait d’irriguer, certes, mais aussi de protéger le patri­moine culturel et religieux du lieu. Aussi la communauté villa­geoise de Zuri se mit-elle à la tâche. Quelques mois plus tard, pierre à pierre, l’église San Pietro avait été transportée et recons­truite sur la colline. Depuis, les fidèles entrouvrent avec pré­caution la porte de bois, de peur qu’un nouveau venu apporte quelque nouvelle idée d’irriga­tion…

Deux femmes et une chaise de prière

Il y a de belles églises en Sar­daigne. Il y en a de moins belles. Mais les unes comme les autres continuent d’être le lieu de re­cueillement de toute la popula­tion locale. La foi reste vive, même si le prêche du curé ne suscite plus toujours le respect d’antan. D’ailleurs, l’église n’est pas qu’un lieu de culte. C’est aussi un but, quotidien ou heb­domadaire, sur le chemin du­quel on commente la vie du vil­lage, les futures épousailles d’un cousin ou (et) d’une cousine, la dernière lettre du fils exilé en Australie, la meilleure recette de feuilleté au sucre ou les innocentes faiblesses de la gour­mandise.

Femme de Dorgal

Dans la famille ou le clan, la femme joue un rôle primordial. C’est elle qui, par la lamentation du «vocero», obligeait l’homme à la vengeance, lui interdisant par avance la faiblesse ou la peur. C’est elle qui a élevé les enfants à l’image de ses idées et de ses exigences. Elle qui, alors qu’ils sont à leur tour parents, continue de les tenir en respect et de veiller sur les choix des nouvelles générations. Elle en­core qui a découvert la sagesse. Et la douceur. Et la fierté. Elle qui donne la vie en échange de la considération.

Vieux Sarde

A Bonorva comme partout, une bonne partie de la vie se passe dans la rue, devant les maisons. Il suffit d’une chaise de paille, d’une marche d’escalier ou de l’angle d’une porte pour que débute une interminable conversa­tion à propos des récoltes, de la scolarité des petits-enfants, du dernier décès au village ou de l’ineptie des politiciens. Les mains savent en dire plus que les mots, les visages aussi.

Les rochers rouges et gris d’Arbatax

Le porphyre rouge des rochers d’Arbatax leur confère, à toutes les heures de la journée, des to­nalités de coucher de soleil et des reliefs de fin du monde. Mais ils ne sont pas si hauts, et la pierre n’est pas si dure. Le porphyre est friable. Les pe­tites plages de sable rouge qui se nichent entre deux groupes de roches sont là pour le prouver. Rochers-symbole. Comme la Sardaigne, ils contrastent avec ce qui vient de la mer, et fini­ront un jour par s’y perdre. Mais, en attendant, ils veillent, imper­turbables, sut cette symphonie de couleurs et de silences.

Images de la Costa Smeralda

Nous avons «oublié», dans ce livre, la «Costa Smeralda», la côte d’émeraude chère aux tou­ristes fortunés et capricieux de la «Jet society». Mais l’oubli est volontaire. C’est même le seul moyen de ne pas passer à côté de la Sardaigne. Car il faut choi­sir entre le vrai et l’artifice. Nous avons choisi le vrai et, si nous n’avons pas parlé de côte ni d’émeraude, c’est que les Sardes ne parlent que rarement de ce littoral qui, de tout temps, ne leur a apporté qu’invasions et maladies, et que l’émeraude, pierre précieuse qu’on ne trouve pas dans les montagnes, n’a jamais orné les bijoux tradition­nels. Des promoteurs internatio­naux ont créé la Costa Smeralda comme on crée une collection de mode, en piquant de-ci, de-là dans les styles architecturaux du pourtour méditerranéen et en donnant aux décors de théâtre ainsi érigés des noms sardes. Comme on donne des noms de dieux antiques aux automobiles du XXO siècle. C’est-à-dire sans raison.

Conservons donc de la Costa Smeralda, plutôt que l’image de ces lieux apprêtés à la sauce du luxe, celle d’une mer calme et d’une nature sereine, que même les caprices d’une irrespectueuse fantaisie ne parviennent pas à fâcher.

Peintures murales et costume traditionnel à Oliena

Contraste insolite que celui de ce vieil homme d’Oliena rentrant chez lui à la fin de la journée, revêtu du très beau costume local, et passant sans un regard devant une des immenses pein­tures murales qui ornent les murs de la petite cité, blottie dans les premiers contreforts du Sopramonte. Pourtant, les deux traditions, celle du vêtement et celle des peintures collectives, se rejoignent. Par la couleur. Et, surtout par ce que l’une et l’autre évoquent de rigueur, de volonté de survivre malgré la misère et l’injustice, de com­bats pour la dignité, de respect des vivants pour les morts. A cet égard, les murs peints d’Oliena ou d’Orgosolo constituent comme la mémoire collective de petits groupes humains qui, retirés dans les montagnes, at­tachent une importance absolue à la beauté des gestes et au poids des mots.

Lago alto de Flumendosa, retenue artificielle

Le Lago alto de Flumendosa est une retenue artificielle construite en 1952 et qui permet d’accu­muler, à 800 ni d’altitude, quel­que 300 millions de M3 d’eau. L’irrigation obtenue par de telles retenues fait des eaux du massif Gennargentu, jusque-là inutili­sées, une manne dont avait grand besoin l’agriculture sarde. Les conquérants successifs de l’île se sont en effet toujours désin­téressés de son développement, quand ils ne coupaient pas les arbres pour empêcher les «bar­bares» sardes de trouver refuge à l’ombre complice des forêts. Les hommes ont fait le premier (faux) pas et l’érosion a fait le reste. Il est donc vital par l’irri­gation de permettre au paysage sarde de redevenir ce qu’il était avant les déprédations des envahisseurs.

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