a. Avignon, le Rhône et les papes

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Sur le pont d’Avignon

On y danse on y danse

Sur le pont d’Avignon

On y danse tous en rond

Cette célèbre chanson, que fredonnent tous les gamins, ment quelque peu. Le pont St. Bénezet est trop étroit pour qu’on ait jamais pu y danser, surtout en rond. Mais l’allusion a pourtant quelque fondement: c’est sous les arches du pont, dans l’île de la Barthelasse, que les Avignonnais se donnaient rendez-vous pour les fêtes et ripailles.

La légende veut qu’en 1177, un jeune pâtre du nom de Bénezet ait entendu une voix lui ordonnant de construire un pont sur le Rhône. Rejeté par les autorités, Bénezet réussit à convaincre le peuple et, grâce à l’aumône récoltée par les «frères pontifes», le pont fut construit en sept ans.

Le pont reliait alors Avignon à Villeneuve-lès-Avignon, sur une distance de plus de 900 m. Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques arches, sur la rive gauche du Rhône, côté Avignon.

Le joyau d’Avignon est, sans conteste, le Palais des Papes. On se souvient qu’en 1309, un pape français, Clément V, avait décidé de transporter le siège de la papauté à Avignon. Le Comtat Venais­sin, tout proche, faisait déjà partie des Etats ponti­ficaux. Avignon, elle, ne fut achetée à la reine Jeanne par Clément VI qu’en 1348.

L’aspect extérieur du palais est imposant. Certai­nes tours atteignent 50 m et les créneaux, machi­coulis et meurtrières montrent bien que de telles fortifications n’étaient pas destinées qu’au plaisir des yeux. Deux périodes, deux conceptions, s’y côtoient. Celle de Benoît XII, ancien abbé cister­cien, qui ordonna la construction du palais mais le voulait sobre. Et celle de Clément VI, prince et mécène autant que pape, à qui on doit le Palais Neuf, ses prodiges d’architecture, ses décorations et son luxe.

Malheureusement, à la Révolution, le palais a été largement dévasté. Le mobilier a disparu, la sta­tuaire a été brisée. En 1810, le palais est devenu caserne. La peinture grise règlementaire a recou­vert ce qu’il restait des chefs d’œuvre peints sur les murailles. A quelque chose malheur est bon: c’est ainsi que quelques merveilles ont été préser­vées des déprédations successives! Aujourd’hui, le Palais des Papes, propriété de la ville, est en cours de restauration. Malgré la qualité de ce travail, on ne pourra jamais qu’imaginer les fastes qui se déroulèrent en ses murs.

Tant durant le siècle où les papes vécurent à Avi­gnon que plus tard, alors qu’Avignon et le Comtat Venaissin restaient possessions pontificales, règna un exemplaire esprit de tolérance. Les Juifs, accu­sés dans toute l’Europe d’être cause des grandes pestes, y trouvèrent un abri sûr et les hérétiques n’y furent pas inquiétés. Cet état d’esprit a survécu et Avignon reste un lieu de tolérance intellec­tuelle, un carrefour d’idées et un centre de créa­tion artistique et théâtrale.

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