e. Le grand canyon du Verdon

 

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A moins de dix kilomètres de Moustiers, les eaux du Verdon se jettent dans le lac artificiel du bar-rade des Ste Croix. Ainsi se termine un extraordi­naire défilé, long de 21 kilomètres, creusé dans le plan calcaire de Haute-Provence par cet étonnant affluent de la Durance. Des parois vertigineuses, hautes de 250 à 700 mètres, surplombent la rivière qui, à certains endroits, se faufile par des goulets larges de moins de dix mètres. Un tel spectacle n’a pas son pareil en Europe et, même s’il attire de nombreux visiteurs, le site a été fort bien amé­nagé et respecté.

Ce n’est qu’en 1905 que deux spéléologues sont parvenus, pour la première fois, à explorer com­plètement les 21 km de gorges. L’expédition fut périlleuse et, aujourd’hui encore, elle ne peut être effectuée que par des spécialistes aguerris, atten­tifs à l’eau comme à la roche.

Puis, en 1928, le Touring Club de France a amé­nagé un itinéraire pédestre qui permet à de bons marcheurs, en une journée, d’atteindre quelques-uns des belvédères les plus spectaculaires. Ensuite, après la seconde guerre mondiale, deux routes ont été construites, qui mettent les sites les plus attrayants à quelques dizaines de minutes de Moustiers ou de Comps. La première, la plus pit­toresque, a été mise en service en 1947. Taillée en plein roc, cette route, dite de la Corniche Sublime, surplombe d’abord l’un des plus beaux points des gorges du Verdon, la Mescla, lieu où la rivière Artuby, qui s’est elle-même frayé un vertigineux défilé dans le plateau calcaire, se mêle aux eaux du Verdon. C’est là que ce dernier, après avoir effectué un parcours nord-sud, oblique complète­ment et met le cap à l’ouest. Des balcons de la Mescla, on domine le lit – étroit – des deux riviè­res de près de 250 m. Ensuite, la route suit la corniche et, à la falaise des Cavaliers, le précipice atteint 400 m. Puis, au cirque de Vaumale, la pro­fondeur frôle les 600 mètres mais la vallée s’est alors élargie et la vision, plus ample, paraît moins vertigineuse.

La route des Crêtes, construite en 1973, permet de suivre le canyon du Verdon dans la partie amont de la Mescla, jusqu’alors inaccessible en voiture. La partie située entre Moustiers et la Palud-sur­Verdon fait face à la Corniche Sublime, mais les vues y sont moins surprenantes. En revanche, sur le tronçon de la Palud à Pont-de-Soleils, certains passages sont tout simplement prodigieux. Du Point Sublime s’ouvre un panorama grandiose sur l’entrée des gorges. Au belvédère du couloir Sam­son, la route s’approche du confluent du Verdon et du Baou et offre une vue grandiose sur l’étran­glement du Grand Canyon. Les mots sont im­propres à décrire de telles visions. C’est dans son infime petitesse, face à cette démesure de la nature, que le visiteur pourra ressentir et éprouver tout ce que ce spectacle comporte d’héracléen et d’absolu.

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