Mongolie

Retrouvailles

Je n’y suis allé que trois fois dans ma vie mais la Mongolie me fait chaud au coeur. J’y avais passé une partie de l’hiver 1993 dans une famille nomade que je croyais ne jamais revoir. Avec le Transsibérien, je me suis arrêté quelques jours à Oulan Bator, en 2007. Et je n’imaginais pas y revenir un jour, tant mon plus cher souvenir était cette famille itinérante, sans doute impossible à retrouver, avec qui j’avais partagé, sous la yourte et dans la steppe, le vie et les travaux de tous les jours.

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Djanet

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Samedi 30 janvier

Jean-Claude Bourgeon est arrivé hier soir, tard, d’Ardèche. Je le connais assez peu, même si son nom revient depuis toujours dans mes discussions avec Maximilien. Jean-Claude, c’est le « saharien », l’homme du désert, qui l’a accompagné voilà bientôt 40 ans dans sa mission T4 (Tassili, Ténéré, Tibesti Tchad). Jean-Claude organisait depuis cette époque des expéditions « touristiques » chez les Touareg, en partant du Niger ou du sud de l’Algérie. Je l’avais revu une ou deux fois, en particulier lors d’une émission de la Télévision suisse, en 2002, autour de Maximilien justement.

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Puis nous sommes retrouvés tout récemment pour organiser ce voyage à Djanet, où j’espère pouvoir tourner une suite, cinquante ans plus tard, au film que Maximilien avait réalisé en 61-62 avec les Touareg sédentaires (Djanet), nomades (environs de Djanet et Tassili n’Ajjer) ou enrôlés dans les troupes méharistes de ces deux dernières années de présence française en Algérie.

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L’Arménie, enfin !

Le monastère de Khor Virap surplombé par le mont Ararat, désormais inaccessible aux Arméniens parce que situé en territoire turc.

Parvenir à cet âge sans avoir jamais posé le pied sur le sol arménien ? Impardonnable ! Au seuil des trois quarts de siècle, je restai donc sans pardon jusqu’à ce jour d’automne 2018 où le hasard me projeta sans préambule sur cet infime et immense éclat d’histoire et de passion.

Affiche pour un spectacle en hommage à Charles Aznavour, Erevan, octobre 2018

Arnavour, attendu à Erevan au Sommet de la Francophonie, venait à Paris de lever les talons sans crier gare. Dans les taxis, dans les échoppes et jusqu’à l’aéroport de Zvartnots, ses chansons s’immisçaient partout. Ce n’était après tout que justice. Comme tout un chacun ou presque, je ne connaissais de l’Arménie qu’Aznavour et le génocide. Un peu court !

J’ai donc décidé de rattraper mon retard, d’expier ma faute. Je suis reparti pour l’Arménie en 2019. J’y retournerai en 2020. En attendant, voici mes premiers coups de coeur, mes premiers coups de soleil…

75 ans ! Et vive demain…

Trois quarts de siècle, la belle affaire !

75 ans aujourd’hui. Il va être temps de songer à l’avenir. Un nouveau tour de piste m’attend. Il devrait durer deux bonnes années et me mener vers les lieux et les êtres qui m’ont touché en plein coeur durant plus de cinq décennies de bourlingue. Faisant écho aux récits, livres et reportages déjà publiés ou mis en ligne au fil des ans sur bourlingue.net et sur YouTube, il ne me restera qu’à en faire autant avec les retrouvailles de demain…

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Avec Voltaire à Saint-Pétersbourg

Place de l’Ermitage, mai 2017

Mai 2017

Voilà près de dix ans que je n’étais pas revenu en Russie. Le pays m’a longtemps attiré mais je n’ai jamais réussi à l’aimer. Les vents m’y ont souvent été contraires et, avant-hier encore, alors que je visitais la forteresse Pierre et Paul, j’ai réussi à me faire détrousser par quelque pickpocket noyé dans la horde des touristes dont j’étais. Portefeuille, carte d’identité, permis de conduire, cartes de presse, de crédit, d’assurance-maladie. Et plusieurs centaines d’euros. Méchant début de voyage.

Sans commentaire…

Ma première visite remonte à 1971. Bientôt un demi-siècle et, pourtant, je crois n’en avoir rien oublié, du Lénine de carton-pâte appliqué sur une façade entière de l’Ermitage aux glaces sonores du Lac Ladoga se bousculant en chantant sous les arches des ponts de la Néva, en passant par la périlleuse visite à une famille juive en butte aux persécutions politiques, puis la nuit savamment et délibérément alcoolisée, histoire de vérifier que nous n’étions pas des taupes du KGB, dans l’appartement vide d’un couple d’artistes non figuratifs en rupture de communisme.

Place de l’Ermitage, 1971. Lénine is watching you.

A cette époque, Leningrad fut aussi pour nous (une amie russophone m’accompagnait) le début d’une interminable  partie de cache-cache avec les sbires du KGB. L’aventure se termina dans la peur froide, à Moscou, mais c’est une autre affaire. Retour à Leningrad, redevenue Saint Pétersbourg après 70 ans de période glaciaire.

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Salut Angel

Angel Parra vient de mourir. Comment lui dire, désormais, qu’il était pour moi et pour tant d’autres un être exemplaire de fraternité et de lumière. Exemplaire dans ses combats. Exemplaire dans ses fidélités. Exemplaire dans ses talents. Exemplaire dans ses sensibilités.

En 1971, à Santiago du Chili, j’étais allé l’écouter chanter, avec ses deux soeurs Isabel et Carmen-Luiza, dans la légendaire Pena de los Parra, créée par leur minuscule et immense maman, Violeta Parra, à qui la musique chilienne et latino-américaine doit tant. Une chanson éclaire et résume l’amour et les amours de cette femme entière en tout : « Gracias a la vida », merci à la vie.

Elle l’avait composée pour le grand amour de sa vie, avec qui elle avait partagé toutes les émotions, toutes les passions – puis tous les désespoirs, le « Gringo » Gilbert Favre, un jeune musicien valaisan de Genève, émigré au Chili sur une équivoque et resté – presque jusqu’à sa mort – par amour de Violeta, d’abord, de la musique et de la fête, à jamais.

Violeta ne ressemblait à aucune autre et me fait pourtant penser à Edith Piaf, pour la force surhumaine de ses amours et de son cri. Les trois enfants de Violeta et toute une génération de musiciens chiliens lui doivent leur extraordinaire puissance de la liberté. En 1973, certains ont trouvé la mort sous la botte de Pinochet. D’autres, comme Angel, y ont échappé de justesse, relâché du camp de terreur de Chacabuco grâce à l’intervention d’artistes et d’intellectuels du monde entier. Je me rappelle y avoir modestement participé, par un entrefilet dans Le Monde et plusieurs émissions à la Radio suisse.

Lorsqu’Angel a pu quitter le Chili, il s’est réfugié à Paris, d’où il a rendu visite à ses amis en Allemagne, à Genève… et à Ferney. Un soir, après quelques rasades de ce vin rouge qu’il honorait, il s’est mis à chanter pour nous tous – c’est-à-dire pour sept ou huit jeunes amis – sur le talus en contrebas de la maison. Je disposais alors d’un enregistreur Nagra, sur lequel j’ai fixé ce moment de grâce et de fraternité. Je l’écoute parfois, lorsque le monde me paraît soudain trop inhumain. Je le mettrai en ligne un jour prochain.

Salut Angel. Je sais que, dans la mort comme dans la vie, tu seras beau de toute ton âme, de tout ton courage, de toute ta dignité. Merci d’avoir existé et d’exister encore.

Alex

 

La mort chez les Tchouktches

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La carcasse du Mi8 retrouvée sur la banquise. Sept morts et plusieurs blessés.

En mai 1993, à quelques jours de la fin d’une expédition scientifique parrainée par Longines en Sibérie, l’un de nos deux hélicoptères s’est écrasé sur la banquise. Sept morts puis des journées de tristesse, d’angoisse et de désespoir. Ci-dessous quelques documents audio et vidéo ainsi que le récit complet, au jour le jour, d’une aventure tragique qui restera gravée pour toujours dans le coeur des survivants.

Je n’avais jamais publié ce récit, auquel il manque encore la transcription de certains carnets. En octobre 2015, je le livre ici brut de décoffrage, 22 ans après le crash.

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Rodrigues en paroles et en musiques

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Rodrigues, 500 kilomètres à l’est de l’île Maurice. L’un des plus grands et des plus beaux lagons du monde, des hommes heureux et fiers qui continuent de pêcher à la voile, une foi dure comme le roc, paisible comme l’océan, des trésors cachés au temps des pirates et cherchés en vain par le grand-père de Jean-Marie Le Clezio, c’est tout ça, Rodrigues, avec quelques cadeaux en prime; les richesses du cœur, la fraîcheur des musiques, l’amour de la terre et le goût de la simplicité.

A écouter: Une série de cinq carnets de route sonores avec Alex Décotte, à l’invitation de Jean-Charles (Radio suisse romande / La Première)

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Mes carnets de route sonores

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En cinquante ans de bourlingue, je me suis plus souvent trouvé avec un Nagra en bandoulière et un micro à la main qu’avec une caméra au poing ou même un stylo dans la poche. Diffusés sur France Inter ou la Radio Suisse Romande, ces reportages sonores représentent des centaines d’heures d’interviews, de récits, de musiques et d’ambiances.

Retrouver tous ces documents, les classer, les restaurer parfois, les transformer en fichiers informatiques ne fut pas une mince affaire mais je touche au but et, au fil des prochaines semaines, je les mettrai en ligne ici, pays par pays, sujet par sujet, portrait par portrait. Mettez donc cette page dans la liste de vos favoris et revenez-y quand bon vous semble. Il y aura chaque fois du nouveau, des surprises et de la tendresse.

Découvrir les cinquante premiers carnets de route sonores…