Irlande du Nord, quarante ans déjà…

Voilà plus de quarante ans que je me rends, plus ou moins régulièrement, dans les deux Irlande. Souvent au temps de la guerre, un peu moins depuis que la paix est revenue. Je me rappelle avoir passé la nuit de Noël 1972, casque et gilet pare-balles, à bord d’une voiture blindée de l’armée britannique patrouillant entre les quartiers catholique et protestant…   A l’heure d’exhumer quelques-unes de mes archives, je redécouvre un article datant du printemps 1974…

Impasse  Titre 2

Les extrémistes protestants triomphent et narguent, de leur puissance retrouvée, les catholiques défaits. On se croirait revenu en 1690 lorsque, à la bataille de la Boyne, Guillaume d’Orange écrasa Jacques II… Mais cette nouvelle humiliation risque de relancer la passion aveugle de l’IRA (Armée républicaine irlandaise) catholique et la liste des morts innocents de s’allonger ces prochaines semaines, sans attendre de nouvelles élections que, de toute manière, les protes­tants ne considéreront comme démocratiques que si elles évincent du pouvoir les « chiens » catholiques. L’Irlande du Nord est entrée dans l’impasse de la violence et de l’absurde.

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Belles rencontres autour du lac Léman

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Merci à Voltaire, même s’il n’y est pas grand-chose. Ici, dans ce château de Saint-Saphorin-sur-Morges, il aurait été vivement éconduit pour s’être moqué de l’intérêt de son hôte, raillé parce qu’il lisait la Bible. « Qu’on attelle des chevaux de Monsieur de Voltaire », aurait dit l’offensé pour signifier au philosophe d’avoir à déguerpir au plus vite.

CaneteJorge Canete est un inconditionnel de Voltaire. Chez lui, le philosophe est partout. Une pièce entière est même tapissée de pages du philosophe arrachées – pardonnable sacrilège – à des ouvrages du XVIIIè siècle. Sur rendez-vous, Canete fait même visiter sa demeure sans oublier de parler de Voltaire et de ses chevaux attelés à la hâte. Cette seule visite, avec vue sur les vignobles d’antan et le Léman de toujours, vaut à elle seule la visite.

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Les singeries de Gibraltar

sP1000553Pendant plus de quinze ans, de 1969 à 1985, les familles ne purent se parler (par gestes) que de part et d’autre d’une double clôture de treillis et de barbelés. Tout passage était interdit, dans un sens comme dans l’autre. Et pourtant, nous n’étions ni à Berlin, ni à la frontière des deux Corée, ni même entre Mexique et Etats-Unis. Non, cela se passait à l’extrême sud de l’Europe occidentale, entre l’Espagne de Franco et le territoire britannique de Gibraltar.

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Zorba et Alexandre

Il a la gueule de Zorba le Grec. Le cheveu ébène mâtiné de quelques reflets de sel, les boucles en bataille. Une barbe d’une bonne semaine envahit le creux arrogant de ses joues. L’oeil est fin, en amande, à  peine ouvert mais la pupille est brillante, lumineuse même, et ressort d’autant plus que les cernes d’une nuit mal révolue mettent mieux en valeur le blanc provoquant qui les entoure. Le nez est droit, dur à  l’échancrure des paupières, plus souple au-dessus des narines ovales où guettent  quelques  poils incongrus.

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Les années d’horreur

L’ancien général Jorge Videla est décédé, vendredi matin, de mort naturelle. En 1977, j’avais voyagé en Argentine, la peur au ventre, à la recherche infructueuse d’une de ses innombrables victimes. Piètre revanche, je me suis ensuite trouvé, en 1985, dans la salle d’audience où la Démocratie, à peine ressuscitée, l’a condamné à la prison à perpétuité…

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La Roumanie est européenne

La Roumanie est européenne. Officiellement depuis le 1er janvier 2007. En réalité, depuis toujours. Voilà 2000 ans, les troupes romaines de Trajan apportaient aux Daces des Carpates une langue latine et, donc, européenne. Les Daces, eux, n’avaient pas attendu les Romains pour être européens. Proches cousins des Celtes qui peuplaient l’Europe occidentale et qui, sous un vernis latin ou germain, la peuplent toujours, les Daces étaient, comme nous, les descendants de lointaines tribus indo-européennes.

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Pearl Harbor

 

Si les Ricains n’étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
A parler de je ne sais quoi
A saluer je ne sais qui.

(Michel Sardou)

Eh oui, si les Ricains n’étaient pas, finalement, entrés dans la deuxième guerre mondiale, alors que Hitler terrorisait l’Europe depuis plus de deux ans déjà, dieu sait où nous serions et à qui nous obéirions aujourd’hui. Or, c’est quelque part au milieu du Pacifique, à Pearl Harbor, que les Américains ont été forcés d’entrer en guerre, bien malgré eux. Cela se passait le 7 décembre 1941.

Quelques jours plus tôt, le 26 novembre, un porte-avions japonais avait discrètement quitté son port d’attache dans les Kouriles, au Nord du Japon. Il faisait route sud-est, cap sur Hawai. Plus précisément sur Pearl Harbor, merveilleux port naturel situe une dizaine de kilomètres à l’ouest d’Honolulu, sur l’île d’Oahu.

Ce porte-avions japonais se nommait Akagi Il était escorté par à cinq autres bâtiments, le Kaga, le Soryu, le Hiyriu, le Zuikaku et le Shokaku.  Dans le ventre de l’Akagi, des dizaines d’avions de marque Aichi, Nakajima, Mitsubishi, eux-mêmes porteurs de bombes. Et autant de pilotes prêts à mourir pour leur pays.

Pendant ce temps, à Pearl Harbor, la vie était calme, rassurante. Le port était encombré de bâtiments de toutes tailles. L’essentiel de la flotte américaine. Certains en cale de réparation, le New Orleans, le San Francisco, le Pensylavania. D’autres alignés à la queue leu-leu au nord et au sud de l’ile Ford, qui se trouve au centre de la baie de Pearl Harbor : Tanger, Utah, Raleigh, Detroit, Maryland, Tenessee, Nevada, Arizona.

Le 7 décembre au matin, il n’y avait pas un souffle d’air sur Pearl Harbor. Pas un nuage non plus. Le jour n’était pas encore levé. Depuis 80 minutes, les bombardiers japonais avaient décollé du porte-avions. A Pearl Harbour, personne ne les vit arriver.

Tora! Tora! Tora! A 7h55 dans les casques des pilotes, ce mot de code prévint que tout allait bien.  L’attaque avait commencé. Tout de suite, les bombardiers clouèrent au sol l’aviation américaine, basée sur les terrains de Hickam, près de Pearl Harbour, et de Weeler, plus loin dans les montagnes. Pas un seul appareil américain ne réussit à prendre l’air.

Il restait aux bombardiers japonais à détruire la flotte. Ce fut un carnage. L’un après l’autre, les bâtiments retenus dans la rade écopaient d’obus et de bombes. La baie s’était couverte de mazout échappé des cales des navires Le mazout prenait feu. Pour échapper à la fournaise de leur bateau touché et prêt à couler, les marins qui se jetaient par-dessus le bastingage, au risque de périr carbonisés dans le mazout en flammes.

Des bateaux coulaient, d’autres s’éventraient, d’autres explosaient. Le plus touché fut l’Arizona. Il s’enfonça dans les flots en emportant 1177 marins. En quelques heures, 2341 soldats américains, perdirent la vie. Il y eut aussi plus de mille blessés. Quant à la flotte américaine du Pacifique, elle était anéantie.

Aux Etats-Unis, le choc fut incommensurable. Après la stupeur vint la décision. L’Amérique entra en guerre contre l’Allemagne nazie et son allié japonais. Quatre ans plus tard, il faudra Hiroshima et Nagasaki pour réduire, enfin, le Japon à merci.

J’étais le 7 décembre dernier à Pearl Harbor. Il y eut des discours sur le monument de béton, d’un goût contestable, édifié dans la rade, exactement au-dessus de l’épave de l’Arizona. Il y eut aussi des touristes, comme chaque jour mais parmi eux, fait exceptionnel pour qui connaît dans cette région la clientèle habituelle de ce genre de voyages organisés, aucun Japonais.

Pearl Harbor est aujourd’hui redevenue une base navale américaine et les Japonais ont renoncé à la guerre depuis belle lurette. Dans les bistrots de Tokyo, ils se défoulent en jouant à des jeux électroniques recréant  guerres de l’espace ou batailles navales plus vraies que nature.

 

Néva

 

Mihail Mihailovich n’existe pas. Il a été rayé du registre des vivants mais Big Brother a dû oublier de le coucher dans celui des ombres. A moins que la machine ne parvienne pas à imprimer au rythme soutenu des allers simples pour la Sibérie. Bref, il est ici, et personne n’en sait rien. Même Mihail Mihailovich n’est pas certain que ce ne soit pas un rêve. Et Tatiana, sa compagne, ne croit pas que ce puisse être autre chose qu’un sursis.

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