c. Un creuset unique

 

000 Pinède SCAN0072~1

Si on excepte les Sarrasins, farouchement accro­chés dans le massif des Maures, et qui terrorisent la Provence un siècle durant, les envahisseurs sont donc, plutôt, des nouveaux venus, qui s’intègrent, se mêlent aux peuples déjà installés. D’où ce mélange des origines, des sangs et des cultures qui caractérise le Provençal. Humaniste et méditerra­néen à la manière de Grèce, entreprenant à l’image de Rome, attaché à la terre comme l’étaient les Ligures et les Celtes, le Provençal a développé ses instincts, ses facultés, ses vertus et son caractère au contact des climats et des entités distinctes et différentes qui constituent la Provence. Puis, avec l’avènement des princes d’Anjou, des rois de Provence et des papes d’Avignon, s’est institué un mode de vie propre à la Provence.

La première caractéristique est certainement la parole. A l’heure du pastis, au sortir de la messe, à l’ombre des platanes, à table, à la veillée, dans le travail, les jours de fête, on parle. De rien, parfois. De tout, le plus souvent. Les secrets ne sont pas faits pour être gardés. Il est normal que chacun connaisse tout de l’autre. Et que, même si l’intérêt du récit est modeste, il écoute: c’est sa seule chance d’être, à son tour, entendu, lorsque les rôles se seront inversés.

L’autre caractère marquant est le geste. Il n’est jamais absent de la discussion, de la dispute de café, de la phase de jeu. Geste du corps, souvent. Mouvance du visage, toujours. La volubilité latine s’accompagne du mouvement des traits, des ara­besques de la main, que l’intense lumière amplifie et caricature. Une caricature plus mobile qu’agres­sive car, si la complaisance est généralement absente du verbe, le sourire est toujours présent, ou du moins sous-jacent, dans le visage.

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