d. Carnaval se meurt, Carnaval est mort

 

Bien sûr, il reste le Carnaval de Nice, ses cortèges, ses feux d’artifices et ses retransmissions télé­visées. Mais le public, parmi lequel nombre de touristes, reste passif. La fête, la gaudriole et la mystification ne sont plus du voyage. C’est tant pis.

Ailleurs, en Vaucluse comme en Camargue, il arrive que des associations de jeunesse tentent de renouveler la tradition, mais le coeur y est rare­ment et, surtout, les adultes boudent et méprisent. La Provence serait-elle devenue sérieuse pour faire mentir les clichés?

Heureusement, il reste les enfants, qui continuent de se déguiser avec les hardes et guenilles trou­vées dans les greniers, à se grimer à l’aide de bouchons calcinés ou de farine humide, et à se répandre par bandes par les ruelles, entrant à grand fracas pour dire leur fait aux pince-sans-rire et quêtant quelques sous destinés, suivant l’âge, à quelques friandises ou à de grands festins.

Mais, autrefois, Carnaval avait une autre allure. On y songeait dès après la nouvelle année et on s’y préparait avec des semaines d’avance. Les adultes ne laissaient pas les enfants accaparer cette unique occasion de faire ripaille, farces et chan­sons avant le Carême. A Aix, garçons et filles organisaient un cortège dansé qui se terminait comme une offrande devant un grand feu. Ail­leurs, c’était la danse du soufflet, danseurs en caleçons, chemises et bonnets de coton se pour­suivant en se menaçant d’un soufflet. Ailleurs encore, Arlequin descendait dans la rue et faisait tinter les dizaines de grelots fixés à son costume vert, au rythme de ses cabrioles. Partout, tambou­rins et galoubets apportaient leurs notes pim­pantes et leur syncope en l’honneur de Carnaval, généralement appelé Caramentran.

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