e. Les Baux

 

Jusqu’à la Pax Romana, la sécurité des établisse­ments humains dépendait étroitement de leurs possibilités de défense. De cette époque datent la plupart des villages fortifiés – les oppida, dont on retrouve la racine dans certains noms, comme Oppède – qui, abandonnés ou renaissants, marquent le paysage de la Pro­vence des collines. Le plus spectaculaire, le plus chargé d’histoire, est sans conteste celui des Baux.

Dominant un éperon rocheux des Alpilles, les rui­nes du château observent la quiétude des plaines alentour. Le lieu fut longtemps imprenable, avant même que fussent érigées des fortifications. Les rocs aux formes hallucinantes, travaillés par l’eau et le vent, évoquent des obélisques, des tours, des portes. La vie était présente aux Baux dès les pre­miers âges. Les cavernes naturelles abritaient des troglodytes de l’âge de la pierre polie et du bronze, des refuges celto-ligures. Mais la gloire des Baux est indissociable du moyen-âge. C’est alors qu’à la suite d’Hugues «du Bau», la dynastie féodale étendit son pouvoir jusqu’à Arles et Orange, disputant, les armes à la main, l’héritage de Provence aux Comtes de Barcelone.

«Race d’aiglons, jamais vassale, qui, de la pointe de ses ailes, effleura la crête de toutes les hau­teurs», écrit Mistral. C’est le temps des «cours d’amour» où les belles dames de haute lignée accordent un baiser au meilleur des troubadours.

Pourtant, avec les troubles qui entourent la présence des papes en Avignon, toute la région se peuple de «routiers», qui pillent et saccagent, n’acceptant de s’éloigner que contre monnaie sonnante et trébuchante. En 1372, la dernière prin­cesse des Baux, Alix, se voit confier à un étrange tuteur, Raymond de Turenne, qui reprend à son compte les méthodes des routiers afin d’assouvir ses ambitions et son goût du pouvoir. Il prend un malin plaisir à précipiter les prisonniers du haut du château et ses exactions terrorisent le pape lui-même. Il faut l’intervention du roi de France pour que Raymond, défait près de Tarascon, se noie dans le Rhône en tentant de fuir.

La seigneurie est alors incorporée à la Provence. Mais, devant l’indocilité renaissante des habitants, Louis XIII fera détruire château et murailles en 1632. Rachetés par les Grimaldi, qui en feront un marquisat, les Baux ne mourront jamais complè­tement et, aujourd’hui encore, plus de 300 habi­tants y vivent à année faite, rejoints en été par des dizaines de milliers de visiteurs. Cependant, à l’évidence, la gloire des Baux appartient au passé.

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